L’Iran et la Russie ont officialisé un contrat d’une valeur de 25 milliards de dollars pour la construction de quatre nouvelles centrales nucléaires dans la province du Hormozgan, au sud de l’Iran, a annoncé vendredi la télévision d’État iranienne. Cet accord intervient dans un contexte de fortes tensions internationales autour du programme nucléaire iranien, Téhéran affirmant son droit au développement d’une filière nucléaire à des fins civiles.
Actuellement, l’Iran ne dispose que d’une seule centrale opérationnelle, à Bouchehr, au bord du Golfe Persique, avec une capacité de production de 1 000 mégawatts (MW), insuffisante pour répondre à la demande croissante d’électricité du pays. Selon l’agence de presse officielle Irna, chaque nouvelle centrale devrait produire environ 1 255 MW, ce qui devrait considérablement renforcer l’autonomie énergétique iranienne.
L’accord a été signé entre la société Iran Hormoz et le géant nucléaire russe Rosatom. Aucun calendrier précis n’a été communiqué pour le lancement et la mise en service des installations, mais l’investissement marque une étape majeure dans la coopération nucléaire russo-iranienne, initiée dès 1993 et déjà concrétisée par la construction de la centrale de Bouchehr, interrompue à l’époque par le retrait des ingénieurs allemands après la Révolution islamique de 1979 et la guerre Iran-Irak (1980-1988).
Cet accord intervient alors que l’Iran est sous pression des puissances occidentales, qui réclament un encadrement strict de son programme nucléaire civil. La France, le Royaume-Uni et l’Allemagne avaient fixé une échéance à samedi minuit (GMT) pour parvenir à un accord diplomatique, sous peine de voir les sanctions de l’ONU être rétablies.
Washington et ses alliés, ainsi qu’Israël, considèrent depuis longtemps que Téhéran pourrait chercher à se doter de l’arme nucléaire, malgré les dénégations iraniennes. « L’Iran n’a jamais cherché et ne cherchera jamais à fabriquer une bombe atomique », a récemment affirmé Pezeshkian, responsable politique iranien, réitérant la distinction entre usage civil et militaire.
Les tensions se sont intensifiées en juin dernier, lorsque Israël a mené une série de frappes contre des sites nucléaires iraniens, avec le soutien des États-Unis. Les installations de Bouchehr n’avaient cependant pas été touchées.
Malgré d’importantes réserves d’hydrocarbures, l’Iran est régulièrement confronté à des coupures de courant. Le développement du nucléaire civil est perçu par Téhéran comme une réponse stratégique à ces pénuries, mais également comme un moyen de renforcer sa position géopolitique sur la scène internationale.
L’accord russo-iranien s’inscrit donc à la fois dans une logique économique et diplomatique, consolidant la coopération entre les deux pays tout en alimentant les inquiétudes des puissances occidentales sur la nature et les ambitions du programme nucléaire iranien.