Dans la nuit du 11 au 12 octobre 2025, la frontière pakistano-afghane s’est transformée en champ de bataille. Les montagnes du Khyber et du Baloutchistan ont retenti sous le fracas des tirs d’artillerie. À Kaboul, les talibans revendiquent une victoire éclatante : 58 soldats pakistanais tués, 30 blessés, un char capturé. À Islamabad, l’armée réplique avec assurance : 200 combattants talibans « neutralisés », plusieurs postes ennemis détruits.
Derrière ces bilans contradictoires, une réalité s’impose : les cercueils s’accumulent de part et d’autre, tandis que la crédibilité des deux camps vacille.
Le conflit aurait été déclenché par des frappes pakistanaises visant des positions du Tehreek-e-Taliban Pakistan (TTP), groupe armé abrité par Kaboul. En réponse, les talibans ont orchestré une offensive massive, ciblant des avant-postes pakistanais dans les provinces de Kunar et d’Helmand. Selon des sources afghanes, cinq soldats pakistanais se seraient rendus. À Islamabad, les médias d’État parlent de la destruction de 19 positions talibanes.
Chaque camp se proclame vainqueur, mais la guerre des récits ne masque pas le coût humain et stratégique. Le Pakistan a fermé la quasi-totalité de ses postes-frontières, paralysant le commerce et isolant ses provinces frontalières.
L’Arabie saoudite, autoproclamée garante de la stabilité régionale, reste étrangement passive face à ce chaos. Le 17 septembre 2025, le Premier ministre pakistanais Shahbaz Sharif et le prince héritier Mohammed ben Salmane signaient à Riyad un accord de défense mutuelle ambitieux, censé incarner une alliance islamique solide : « Une attaque contre le Pakistan sera considérée comme une attaque contre l’Arabie saoudite. »
Un mois plus tard, alors que les bombes pleuvent, Riyad se contente d’un communiqué laconique. Le ministère saoudien des Affaires étrangères appelle à la « retenue » et au « dialogue », sans déployer ni soldats, ni avions, ni navires. Cette neutralité prudente trahit une réticence à s’impliquer dans un conflit opposant deux partenaires instables : un Pakistan en crise économique et un Afghanistan sous contrôle taliban.
Pour Islamabad, l’inaction saoudienne est une trahison. Le Pakistan espérait que cet accord marquerait la naissance d’une « OTAN du monde musulman », capable de contrer l’Iran, l’Inde ou les talibans. Mais l’épreuve du feu révèle une vérité crue : Riyad n’agit que pour protéger ses propres intérêts. Absorbée par ses ambitions économiques et sa quête de légitimité internationale, l’Arabie saoudite refuse de risquer sa stabilité pour un allié en détresse.
À Kaboul, le porte-parole taliban Zabihullah Mujahid exulte : « Nos forces ont infligé une défaite cuisante à l’agresseur pakistanais. Armes, chars et postes ennemis sont désormais entre nos mains. »
À Islamabad, la riposte verbale est tout aussi véhémente. Le ministre de l’Intérieur, Mohsin Naqvi, accuse Kaboul de « crimes de guerre » et promet une vengeance « pierre pour pierre ». Mais les mots sonnent creux face à la paralysie des frontières et à l’isolement croissant du pays.
Ce conflit, loin d’être un simple accrochage frontalier, met en lumière les fractures d’une région où les alliances s’effritent et les promesses s’évanouissent. L’Arabie saoudite, en se dérobant, risque de perdre son aura de leader régional. Le Pakistan, englué dans ses crises internes, voit son rêve d’une grande alliance islamique partir en fumée. Quant à l’Afghanistan, il consolide son image de force imprévisible, mais à quel prix ?