La capitale soudanaise, Khartoum, reste le théâtre d’une guerre dévastatrice qui déchire le pays depuis avril dernier. Les affrontements récents, marqués par l’offensive de l’armée soudanaise pour reprendre des zones contrôlées par les Forces de soutien rapide (RSF), témoignent de la brutalité d’un conflit qui ne montre aucun signe d’apaisement.
L’importance stratégique de Khartoum et d’infrastructures clés, telles que la raffinerie de pétrole à al-Jaili, fait de la capitale un enjeu crucial pour les deux camps. Les combats dans d’autres zones stratégiques, comme Jebel Moya et El-Fasher au Darfour-Nord, ajoutent à la complexité du conflit, chaque bataille locale redéfinissant progressivement le paysage du pouvoir au niveau national.
Cette guerre interne est également le point de convergence d’intérêts internationaux. L’Union africaine (UA) et les États-Unis, par exemple, intensifient leurs efforts pour rétablir la paix. Cependant, la géopolitique mondiale complique la situation, le Soudan devenant un terrain de bataille où des puissances telles que la Russie, la Chine et l’Iran cherchent à exercer leur influence.
L’implication récente de l’UA, bien que cruciale, a suscité des critiques, notamment de la part du général Burhan. Ce dernier accuse l’organisation d’avoir mal compris la crise soudanaise, invoquant la rhétorique du néocolonialisme pour justifier sa méfiance envers l’ingérence extérieure. L’UA, longtemps critiquée pour son inefficacité, doit redorer son blason afin de ne pas être écartée au profit des puissances internationales qui cherchent à modeler l’avenir du Soudan selon leurs propres intérêts.
Du côté américain, l’envoyé spécial Tom Perillo tente de maintenir la pression diplomatique pour prévenir un effondrement total du pays. En ravivant la « Déclaration de Djeddah », Washington cherche à stabiliser la situation tout en limitant l’influence grandissante de la Russie et de la Chine. Cependant, certains reprochent aux États-Unis de ne pas exercer suffisamment de pression sur les soutiens des RSF, exacerbant ainsi la méfiance des autorités soudanaises.
Le Soudan se trouve pris dans une toile d’influences géopolitiques où chaque camp, qu’il soit interne ou externe, lutte pour le contrôle. L’UA et les États-Unis peuvent offrir une lueur d’espoir, mais la méfiance à l’égard des puissances étrangères, conjuguée aux rivalités internes, complique la mise en place d’une paix durable. Le Soudan devra déterminer s’il peut retrouver sa stabilité tout en préservant son indépendance, ou s’il sera entraîné dans un nouvel ordre régional, façonné par des intérêts étrangers.