Le président sud-soudanais Salva Kiir a procédé à un vaste remaniement au sein de son administration, annonçant plusieurs changements majeurs dans la hiérarchie du pouvoir. Parmi les décisions marquantes, il a nommé un nouveau vice-président et limogé le chef des services de renseignement, dans un contexte de tensions politiques et d’incertitudes sur l’avenir du pays.
Dans un décret lu à la télévision nationale lundi soir, Salva Kiir a désigné Benjamin Bol Mel comme vice-président en charge de l’économie, en remplacement de James Wani Igga. Ce choix a immédiatement suscité des spéculations au sein des médias locaux, qui voient en Bol Mel un potentiel successeur du président Kiir, âgé de 73 ans. Cette nomination intervient alors que des interrogations persistantes sur l’état de santé du chef de l’État et sur la stabilité de son leadership dans un pays toujours marqué par des luttes de pouvoir internes.
Par ailleurs, Salva Kiir a également révoqué Hussein Abdelbagi, un autre vice-président, ainsi que plusieurs ministres, accentuant les remous politiques dans un gouvernement déjà fragilisé.
L’un des autres changements majeurs de ce remaniement est le limogeage d’Akec Tong Aleu, qui dirigeait la redouté Service de sécurité nationale (NSS) depuis octobre dernier. Il avait été nommé après le départ d’Akol Koor, une figure influente dont le nom avait été lié aux rumeurs de tentative de coup d’État. Cette décision suggère un réajustement stratégique du pouvoir par Salva Kiir, soucieux de renforcer son contrôle sur les organes de sécurité dans un pays où la stabilité reste précaire.
Depuis son indépendance en 2011, le Soudan du Sud est en proie à des conflits politiques et ethniques. Deux ans seulement après avoir obtenu son indépendance du Soudan, le pays a plongé en 2013 dans une guerre civile meurtrière opposant Salva Kiir et son rival Riek Machar. Ce conflit, qui fait environ 400 000 morts et des millions de déplacés, a été partiellement apaisé par un accord de paix signé en 2018. Cet accord avait instauré un gouvernement d’union nationale, avec Kiir comme président et Machar comme premier vice-président.
Toutefois, malgré cet accord, les tensions persistantes et le pays restent minés par les rivalités politiques, la corruption et les conflits intercommunautaires. À cela s’ajoutent des défis majeurs, comme les inondations et la sécheresse climatique, qui aggravent la crise humanitaire.
Alors que le Soudan du Sud devait organiser ses premières élections nationales en décembre 2024, le gouvernement a annoncé un nouveau rapport de deux ans, prolongeant l’incertitude politique. Selon les termes de l’accord de paix, le président Kiir est censé consulter les autres partis avant de démettre les vice-présidents et ministres issus de ces formations, mais les récents limogeages pourraient raviver les tensions au sein du gouvernement d’union nationale.
Ce vaste remaniement montre que le président Kiir cherche à consolider son pouvoir, alors que le pays traverse une période critique. Reste à voir si ces changements permettront de stabiliser le Soudan du Sud ou s’ils entraîneront de nouvelles divisions politiques.