Sanaa, Yémen — Le chef du gouvernement houthi, Ahmed al-Rahawi, figure clé de l’alliance avec Téhéran, a été éliminé jeudi lors d’une série de frappes aériennes israéliennes ciblant la capitale yéménite, selon des sources locales et officielles israéliennes. L’opération a également visé plusieurs hauts responsables militaires du mouvement soutenu par l’Iran, marquant un tournant stratégique dans l’affrontement entre Israël et les groupes armés régionaux.
Les frappes ont été validées par le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, le ministre de la Défense Israël Katz et le chef d’état-major Eyal Zamir. Elles ont ciblé un complexe sécuritaire et le domicile d’Al-Rahawi à Sanaa. Selon le journal yéménite Al-Jumhuriya, le Premier ministre houthi a péri dans son logement, tandis qu’Aden Al-Ghad confirme la mort de plusieurs collaborateurs proches.
Parmi les cibles prioritaires figuraient le ministre de la Défense houthi, Mohamed al-Atifi, et le chef d’état-major Muhammad Abd Al-Karim al-Ghamari, déjà blessé lors d’une précédente opération israélienne. Les autorités israéliennes poursuivent l’évaluation des pertes, tandis que des rapports préliminaires évoquent jusqu’à dix hauts responsables touchés lors d’une réunion stratégique coïncidant avec un discours du leader houthi Abdul-Malik al-Houthi, absent lors de l’attaque.
Cette opération survient à la veille d’un discours attendu d’Abdul-Malik al-Houthi. Dans un communiqué, Israël Katz a averti : « Quiconque lève la main contre Israël verra sa main tranchée. » L’armée israélienne a revendiqué avoir frappé une « cible militaire du régime terroriste houthi », accusant le mouvement d’opérer « sous la direction et le financement de l’Iran pour déstabiliser la région et menacer la liberté de navigation mondiale ».
Contrôlant le nord-ouest du Yémen, Sanaa et une partie stratégique de la côte de la mer Rouge, les Houthis représentent un pilier central de l’axe iranien dans la région. Depuis le déclenchement du conflit entre Israël et le Hamas à Gaza en octobre 2023, ils ont intensifié leurs attaques par missiles, drones et actions contre des navires commerciaux en mer Rouge.
En riposte, Israël et une coalition menée par les États-Unis ont multiplié les frappes sur Sanaa et le port stratégique de Hodeida, paralysant l’aéroport de la capitale depuis mai 2025 et endommageant des infrastructures militaires et logistiques vitales.
En mai 2025, l’administration Trump avait conclu un accord avec les Houthis pour suspendre les frappes américaines en échange d’un arrêt des attaques contre les navires marchands. Cependant, le mouvement chiite avait explicitement exclu les cibles liées à Israël, maintenant une posture d’affrontement direct. L’élimination d’Ahmed al-Rahawi souligne les limites de ces initiatives diplomatiques et met en lumière les défis croissants pour contenir l’escalade régionale.
La perte d’Al-Rahawi et d’autres figures de proue pourrait fragiliser le commandement houthi et perturber ses opérations. Les rebelles ont promis une « riposte proportionnelle », risquant d’intensifier les attaques contre Israël et la navigation en mer Rouge.
Cette opération réaffirme le Yémen comme un front majeur de la confrontation indirecte entre Israël et l’Iran, un conflit qui dépasse Gaza et le Liban pour englober l’ensemble du Moyen-Orient. Israël démontre sa capacité à projeter sa puissance à plus de 1 800 kilomètres, envoyant un avertissement explicite à Téhéran sur les conséquences de ses appuis régionaux.