L’approbation récente du budget de l’État algérien par le président Abdelmadjid Tebboune, dans un contexte de déficit fiscal significatif, soulève des préoccupations pressantes quant à la trajectoire économique du pays. Bien que le Fonds monétaire international (FMI) prévoie une croissance du PIB de 4,5 % pour 2025, la dette nationale brute devrait atteindre un niveau ahurissant de 63,9 % du PIB d’ici 2025. Cette dichotomie entre croissance et dette révèle des défauts fondamentaux dans la politique économique de l’Algérie, signalant une instabilité potentielle à l’horizon.
Le budget approuvé pour 2025, à un niveau record de 125,34 milliards de dollars, représente une augmentation de 9,9 % par rapport à l’année précédente. Cependant, le déficit résultant, estimé à 61,72 milliards de dollars, équivaut à 21,8 % du PIB. Ce déficit soulève des drapeaux rouges, surtout compte tenu du fait qu’un budget équilibré nécessiterait que les prix du pétrole restent extraordinairement élevés—au-dessus de 140 dollars le baril. Une telle dépendance vis-à-vis des prix du pétrole volatils pour la stabilité fiscale est insoutenable et pourrait entraîner de graves répercussions économiques en cas de fluctuations des marchés pétroliers mondiaux.
La dépréciation du dinar algérien a aggravé ces maux économiques, la monnaie se négociant désormais à un taux défavorable par rapport au marché parallèle. Bien que cela puisse superficiellement augmenter les revenus fiscaux issus des exportations d’hydrocarbures, cela exacerbe simultanément l’inflation sur les biens importés. Les tentatives du gouvernement pour stabiliser l’économie par le biais d’augmentations d’impôts n’ont pas produit les augmentations de revenus escomptées, soulignant un décalage entre les intentions politiques et les résultats.
L’un des aspects les plus controversés du budget est l’allocation substantielle à la dépense de défense, qui a atteint 25 milliards de dollars—une augmentation de 2 milliards par rapport à 2024. Ce montant constitue près de 19,8 % du budget total, éclipsant des domaines critiques tels que les dépenses sociales, qui ont drastiquement diminué au cours des trois dernières années. Ce déséquilibre reflète une priorisation troublante des dépenses militaires par rapport au bien-être social, suscitant le mécontentement public et soulevant des questions sur l’engagement du gouvernement à traiter des problèmes sociaux urgents tels que le chômage et la pauvreté.
Le paysage géopolitique régional a encore compliqué la planification économique de l’Algérie. L’escalade des tensions, notamment avec les forces de Khalifa Haftar en Libye, nécessite une augmentation des dépenses de défense pour la sécurité nationale. Cette situation illustre comment les pressions externes peuvent déformer les priorités économiques intérieures, obligeant le gouvernement à allouer des ressources loin des programmes sociaux vitaux vers la préparation militaire.
En regardant vers l’avenir, bien que le secteur des hydrocarbures devrait croître de 2,4 % en 2025, une baisse de 2,6 % est prévue pour 2027. Ce déclin projeté soulève des inquiétudes quant à la durabilité de la croissance économique, en particulier si la dépendance aux hydrocarbures se poursuit sans diversification de l’économie. Les projections du FMI concernant l’augmentation des pourcentages de la dette nationale soulignent encore la nécessité critique d’une gestion efficace des finances publiques.
En somme , bien que les indicateurs économiques immédiats de l’Algérie puissent suggérer une croissance, les défis fiscaux sous-jacents, couplés à un fardeau de dette croissant, présentent une situation précaire pour le pays. La priorité accordée par le gouvernement aux dépenses de défense par rapport au bien-être social, ainsi que la dépendance aux revenus pétroliers, pose des risques significatifs pour la stabilité à long terme. Une réévaluation globale des politiques économiques est impérative pour favoriser une économie plus résiliente et équitable, capable de faire face aux défis internes et externes.