La visite de la présidente indienne, Droupadi Murmu, en Algérie, et plus particulièrement à Tipasa, semble être une nouvelle tentative pour redorer l’image internationale du pays à travers son patrimoine culturel. Cependant, derrière cette mise en scène patrimoniale se cachent des enjeux bien plus complexes, voire problématiques. En effet, bien que cette rencontre ait permis de mettre en avant les sites historiques de Tipasa, classés au patrimoine mondial de l’UNESCO, on peut se demander si cette démarche ne sert pas principalement d’outil de distraction face aux défis internes majeurs auxquels l’Algérie est confrontée.
L’accent mis sur le patrimoine culturel, en particulier dans une période marquée par des crises économiques et sociales importantes, semble déconnecté des réalités du quotidien des Algériens. La valorisation de ces sites, certes prestigieuse, paraît insuffisante pour masquer les difficultés structurelles qui affaiblissent le pays. L’Algérie peine à résoudre des problèmes fondamentaux comme la gestion de ses ressources naturelles ou la modernisation de son économie, et cette visite, tout en étant symbolique, n’apporte guère de réponses concrètes à ces défis. La diplomatie culturelle est un levier certes important, mais insuffisant pour pallier des défaillances internes.
Le volet technologique de la visite de Mme Murmu, avec l’accent mis sur les technologies de l’information et la transformation numérique, soulève également des questions. Si l’Inde est effectivement un leader dans le secteur des TIC, il est légitime de s’interroger sur la capacité de l’Algérie à intégrer pleinement cette coopération, compte tenu des retards accumulés dans la modernisation de ses infrastructures et de la persistance d’une bureaucratie lourde et inefficace. La visite de la station de dessalement de Fouka est un exemple frappant : alors que l’Algérie connaît des pénuries d’eau chroniques, cette initiative reste un symbole plus qu’une solution durable aux crises hydriques récurrentes.
En fin de compte, cette visite semble davantage servir à entretenir une illusion de progrès et de modernisation plutôt qu’à s’attaquer aux vrais problèmes du pays. L’Algérie aspire certes à renforcer son soft power et à se projeter comme une puissance culturelle et technologique, mais les réformes nécessaires pour atteindre ces objectifs semblent stagner. Les belles déclarations sur la coopération avec l’Inde ne doivent pas occulter la réalité d’une Algérie encore engluée dans des défis internes non résolus.
La visite de Droupadi Murmu, bien qu’importante sur le plan symbolique, reste une opération de communication plus qu’une véritable avancée stratégique. L’Algérie, au lieu de s’illusionner avec des projets grandioses, devrait d’abord se concentrer sur la résolution de ses problèmes internes avant d’espérer briller sur la scène internationale.