Fidèle à ses habitudes protocolaires bien huilées, le chef d’état-major de l’Armée nationale populaire (ANP), le Général d’Armée Saïd Chanegriha, également ministre délégué auprès du ministre de la Défense nationale, a accueilli en grande pompe son homologue rwandais, le Général Mubarakh Muganga, en visite officielle en Algérie à la tête d’une imposante délégation militaire.
Dans un communiqué soigneusement calibré, le ministère de la Défense nationale (MDN) évoque une rencontre “cordiale” et “stratégique” entre les deux responsables, ponctuée par les désormais traditionnels saluts au drapeau, défilé militaire et échanges de bons procédés. La scène, digne d’un autre temps, s’est déroulée au siège de l’état-major, où les plus hauts gradés de l’armée algérienne ont été mobilisés pour l’occasion.
La réunion, qualifiée d’“importante” par le communiqué officiel, a permis d’évoquer les “opportunités de coopération militaire bilatérale” et les “défis sécuritaires mondiaux”, sans que ne soit précisée la moindre initiative concrète ni avancée réelle. Il s’agissait surtout, comme souvent, d’une opération de visibilité diplomatique pour une institution militaire algérienne en quête de légitimité internationale et régionale.
Profitant de l’occasion, Chanegriha a prononcé un discours aux accents panafricanistes, saluant la résilience du peuple rwandais face au génocide de 1994, tout en glissant un rappel des visites mutuelles des chefs militaires entre Alger et Kigali, présentées comme la preuve d’un “nouvel essor” des relations entre les deux pays.
“Les relations algéro-rwandaises sont un modèle”, a déclaré le général algérien, visiblement plus à l’aise dans le registre des discours solennels que dans celui des résultats tangibles sur le terrain africain, où l’Algérie peine encore à traduire ses ambitions en actions concrètes.
De son côté, le général Muganga a remercié ses hôtes pour l’accueil, sans faire d’annonce notable, sinon réitérer la volonté “d’approfondir la coopération”, formule diplomatique bien connue pour meubler les communiqués sans trop s’engager.
La rencontre s’est achevée comme il se doit par un échange de cadeaux symboliques et la signature du Livre d’Or – rituel devenu presque sacré dans une armée algérienne toujours en quête d’image, de reconnaissance et, surtout, de pouvoir d’influence sur le continent.
