La crise de liquidité provoque des tensions en Algérie, malgré les mesures mises en place par le gouvernement d’Abdelaziz Djerad pour remédier à la situation. Intervention gouvernementale jugée très retardée et inadéquate.
Le gouvernement a dû intervenir pour réduire l’impact négatif de la crise de liquidité, en demandant aux services compétents d’étaler le paiement des salaires, des retraites et des prestations sociales sur tout le mois, d’ajuster les heures d’ouverture des bureaux de poste en fonction de la demande et de limiter les retraits d’espèces.
En outre, le gouvernement a recommandé le transfert de fonds des agences disposant de liquidités excédentaires vers celles à court de liquidités, l’extension de l’accès aux guichets automatiques bancaires en établissant l’interopérabilité entre les systèmes bancaires électroniques d’Algérie Poste et ceux des banques, et enfin les parties prenantes de la société soient autorisées à aider à superviser les files d’attente conformément aux directives de prévention des coronavirus.
Cependant, ces mesures semblent loin d’être adéquates, comme le suggère une note de la direction du service postal public, qui a récemment fixé une limite maximale de retrait d’espèces à 100 000 dinars (environ 777,5 dollars). Algérie Poste demande à ses clients d’utiliser des méthodes alternatives telles que les virements inter-comptes et les paiements par chèque.
«Cette semaine, lorsque j’ai voulu retirer 1 000 € de mon compte en devises, ma banque m’a demandé de fournir une raison pour utiliser cet argent. Que vais-je écrire? Que je dois acheter une machine à laver? Il est absurde d’avoir à expliquer pourquoi on veut retirer son propre argent », déclare Leila, une artiste franco-algérienne vivant dans le pays.
La situation a suscité un sentiment généralisé d’inquiétude et de panique, qui a poussé les titulaires de comptes bancaires à retirer d’énormes sommes d’argent, principalement pour s’approvisionner en denrées alimentaires de base. Un peu moins de 400 milliards de dinars ont été retirés chaque mois des bureaux de poste.
Les épargnants les plus fidèles se sont abstenus de faire le moindre dépôt par crainte de ne pas pouvoir utiliser leur argent quand ils en ont besoin. Quant aux opérateurs économiques, la plupart d’entre eux ont limité leurs transactions aux opérations en espèces
Fin juillet, la Poste d’ Algérie reconnu que le ralentissement de l’activité économique avait conduit à un tarissement des dépôts en espèces dans les agences bancaires et les bureaux de poste.
Parmi les autres problèmes, citons les contraintes supplémentaires induites par les nouvelles règles régissant les modalités de travail, le respect de la distanciation sociale et l’accès aux bureaux de poste et aux banques, ainsi que l’absence d’une partie des femmes du personnel en raison de leurs obligations de garde d’enfants.
La crise de liquidité sans précédent est apparue dès mars, avec une situation de plus en plus tendue dans les bureaux de poste, qui s’est rapidement transformée en un flot ingérable de clients les jours de paie et lorsque les retraités et les personnes handicapées devaient recevoir leurs pensions et allocations respectives. Certaines banques ont demandé aux titulaires de compte de soumettre une demande 24 heures à l’avance au-delà d’une limite de retrait spécifique.
Il a fallu deux mois au gouvernement pour admettre qu’il y avait un problème: le 18 mai, le ministre des Finances Abderrahmane Raouya a fait allusion à une baisse significative de la liquidité bancaire devant la chambre basse du parlement algérien. Les banques, a-t-il ajouté, auront bientôt du mal à fournir du crédit aux entreprises.
Soutenant cette affirmation, une note de la Banque d’Algérie datée du 9 juin indiquait que la liquidité globale des banques du pays était tombée en dessous du seuil symbolique de 1 billion de dinars.