L’annonce par Farhat Chabkh, secrétaire général de la FNTE, d’une série de rencontres entre le ministère de l’Éducation nationale et les différentes catégories de personnels éducatifs pourrait apparaître comme une avancée bienvenue dans le dialogue social. Pourtant, au-delà de cette mise en scène de concertation, le fond du problème reste entier : le malaise structurel du secteur éducatif en Algérie, ignoré depuis trop longtemps, ne saurait être résolu par des calendriers bien rangés et des déclarations lissées à la radio nationale.
Les propositions évoquées – équité entre filières, perspectives de carrière, revalorisation des diplômes, régularisation des inspecteurs, révision du régime disciplinaire – ne sont pas nouvelles. Elles figurent depuis des années dans les revendications syndicales, sans qu’aucune réforme de fond n’ait réellement abouti. Ce soudain empressement à « écouter » les travailleurs ressemble davantage à une opération de contrôle social qu’à une volonté sincère de transformation du système. Une tentative de désamorcer les tensions, sans toucher aux logiques bureaucratiques et politiques qui plombent l’école publique.
Quant à la loi-cadre saluée du bout des lèvres par Chabkh, elle continue d’alimenter la confusion et les frustrations, notamment par les inégalités de traitement qu’elle perpétue. Les enseignants issus des écoles normales restent pénalisés malgré leur formation spécifique, tandis que les agents techniques, de restauration ou de gestion sont confinés à des statuts précaires, sans valorisation ni perspectives. Les discussions prévues avec ces catégories s’enchaînent dans un calendrier qui donne l’illusion d’un dialogue global, mais en réalité, elles atomisent les revendications pour mieux les diluer.
La référence à la décision présidentielle d’intégrer les enseignants contractuels – qualifiée « d’initiative positive » – ne saurait faire oublier l’instabilité chronique du recrutement, les affectations arbitraires, et la surcharge des établissements. Le système éducatif souffre moins d’un manque de consultations que d’un manque de vision. Et aucune série de réunions ne peut remplacer une refonte réelle, structurelle et ambitieuse du statut de l’enseignant, des conditions de travail et des objectifs pédagogiques.
