Le Canada s’apprête à refermer l’un des chapitres les plus sombres de son histoire sportive. Ce jeudi, la justice doit rendre son verdict dans une affaire d’agression sexuelle impliquant cinq anciens membres de l’équipe nationale junior de hockey, accusés d’avoir violé une femme à Londres (Ontario) en 2018, à l’issue d’un gala de collecte de fonds.
Londres a révélé que l’Association canadienne de hockey maintient deux fonds secrets pour les règlements en cas d’agression et d’abus sexuels, ce qui suggère que les joueurs sont fréquemment impliqués dans ces cas scandaleux. Cette découverte explosive alimente la colère de l’opinion publique et interroge la gouvernance même de Hockey Canada.
Les milieux sportifs canadiens sont en ébullition, dans l’attente du verdict. Michael McLeod, Carter Hart, Cal Foote, Dillon Dube et Alex Formenton sont jugés pour leur implication présumée dans l’agression d’une jeune femme, alors qu’ils représentaient le pays aux Championnats du monde juniors de hockey 2018. L’un d’eux, McLeod, fait également face à une accusation de complicité d’agression sexuelle.
Initialement classée sans suite en 2019, l’affaire a été relancée en 2022, après qu’une action civile intentée par la victime a révélé le système occulte des fonds confidentiels utilisés pour faire taire les scandales. L’Association canadienne de hockey avait alors discrètement réglé la plainte à hauteur de plusieurs millions de dollars, espérant enterrer l’affaire sans éclats. Mais la presse et la justice ont rouvert le dossier, entraînant de nouvelles enquêtes et la mise en accusation des cinq joueurs.
La victime a livré un témoignage bouleversant, décrivant une situation où, nue, ivre et terrifiée, elle s’est sentie contrainte de céder à des rapports non consentis, dans ce qu’elle a qualifié de « choix de survie ». La défense, elle, tente de plaider une participation volontaire, évoquant une « nuit folle ».
Ce jeudi, la juge Maria Carroccia, seule en charge du verdict après avoir révoqué le jury pour préserver l’impartialité du procès, annoncera une décision très attendue. Les peines prévues pour ce type d’agression peuvent aller jusqu’à dix ans de prison au Canada. Quelles que soient les conclusions judiciaires, la réputation des accusés, tous aujourd’hui sans contrat actif en LNH, est profondément entachée.
La LNH elle-même, prudente jusqu’à présent, devra trancher en fonction des faits établis. Le commissaire Gary Bettman a déjà suspendu par le passé des joueurs sans attendre de verdict pénal, laissant présager d’éventuelles sanctions disciplinaires sévères.
Ce procès s’inscrit dans une série de révélations dévastatrices sur le fonctionnement de Hockey Canada, déjà marqué par la démission de ses dirigeants et la fuite de commanditaires majeurs. Le scandale des fonds secrets symbolise une culture institutionnelle du silence et de la protection des agresseurs au détriment des victimes.