L’ONU n’a réussi à lever que 1,35 milliard de dollars d’aide humanitaire au Yémen auprès de donateurs internationaux, contre 2,41 milliards attendus. Pour l’organisation, le pays est au bord d’une « tragédie macabre ».
C’est le résultat d’une conférence tenue à distance le 2 juin et co-organisée par l’un des acteurs de la scène yéménite, l’Arabie saoudite. Le but de cette réunion était d’exhorter les donateurs internationaux à faire des efforts, notamment sur le plan économique, pour soutenir un pays et des personnes victimes d’un conflit en cours, dont le début remonte au 19 mars 2015. La réunion, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a souligné que la somme nécessaire pour permettre aux agences humanitaires de poursuivre leurs missions et programmes s’élève à 2,41 milliards de dollars. L’incapacité à obtenir ces fonds entraînerait la fermeture d’environ 30 des 41 programmes entrepris au Yémen.
Les donateurs internationaux ont promis une somme de 1,35 milliard, dont 500 millions alloués par l’Arabie saoudite. C’est donc environ 1 milliard de moins que l’objectif fixé, et équivalent à la moitié de la somme promise en 2019, soit 2,6 milliards. Les États-Unis se sont engagés à faire un don de 225 millions de dollars, 200 millions devraient plutôt provenir de la Grande-Bretagne et 125 millions devraient provenir de l’Allemagne. Les Émirats arabes unis n’ont promis aucun argent.
Face à ce résultat, à la fin de la visioconférence, le sous-secrétaire général de l’ONU pour les affaires humanitaires au Yémen, Mark Lowcock, a déclaré qu’à moins que des fonds supplémentaires ne soient levés, le Yémen fera face à un résultat horrible à la fin de la 2020, y compris plus de décès.les Nations Unies n’abandonneront pas le peuple yéménite et continueront de travailler pour lui, a déclaré Lowcock.
Pendant ce temps, le Yémen continue de connaître une double instabilité. D’une part, les Houthis qui ont lancé une offensive pour étendre leur contrôle dans les provinces du sud du Yémen. Les groupes opposés au conflit sont les rebelles chiites, soutenus par l’Iran et les milices du Hezbollah, et les forces fidèles au président yéménite, Rabbo Mansour Hadi, les seules reconnues par la communauté internationale. Dans ce contexte, l’Arabie saoudite est à la tête d’une coalition internationale qui comprend également les Émirats arabes unis, En revanche, les tensions se sont ravivées dans les territoires du sud le 26 avril,
Cette instabilité a exacerbé le système de santé, incapable de faire face de manière adéquate à la pandémie de Covid-19, qui s’accompagne d’autres maladies « mortelles », dont le paludisme. Selon l’ONU et les agences humanitaires, seulement la moitié des infrastructures de santé fonctionnent et beaucoup manquent de masques, de gants et d’autres équipements et outils essentiels. Enfin et surtout, l’assainissement et l’eau potable sont rares et des dizaines d’agents de santé ne disposent pas de dispositifs de protection, en plus de ne pas recevoir de rémunération. Le conflit, selon les organisations, a été particulièrement dévastateur pour les femmes et les enfants yéménites. Plus de 12 millions d’enfants et 6 millions de femmes en âge de procréer ont besoin d’une aide humanitaire, tandis que plus d’un million de femmes enceintes souffrent de malnutrition.
Selon les déclarations des rebelles chiites houthis, la conférence du 2 juin était le résultat de pressions exercées par Riyad sur les Nations Unies. En outre, le but de l’Arabie saoudite est de présenter un visage humain d’elle-même, alors qu’en réalité, elle continue de représenter un agresseur. Selon les rebelles, ce n’est qu’en mettant fin aux attaques et aux hostilités, ainsi qu’au siège de pays tiers, que la situation au Yémen sera réglée.