Selon certaines sources, les Émirats arabes unis (EAU) soutiennent également le régime syrien, dirigé par le président Bachar al-Assad, allouant des fonds pour la reconstruction de la Syrie et créant des partenariats militaires et de sécurité.
L’axe Damas-Abu Dhabi va au-delà d’une simple normalisation des relations diplomatiques. Le prince héritier émirat, Mohammed ben Zayed Al Nahyane, a offert à Al-Assad, 3 milliards de dollars en échange d’une reprise des combats dans la région nord-ouest syrienne d’Idlib, à la frontière avec la Turquie. Dans cette zone, depuis le 5 mars, Moscou et Ankara ont conclu un cessez-le-feu pour permettre aux personnes déplacées et aux réfugiés de rentrer chez eux. Cependant, l’aide émirienne, offerte sous forme anti-turque, serait bien accueillie par Damas, considérant que les ressources de ses deux principaux alliés, la Russie et l’Iran, s’épuisent.
Parallèlement, depuis la réouverture de l’ambassade de Damas le 27 décembre 2018, les Émirats arabes unis ont fourni une assistance aux hôpitaux des zones contrôlées par le régime, tant sur le plan médical et sanitaire que sur le plan alimentaire. Enfin et surtout, les Émirats ont également alloué des fonds pour la reconstruction de bâtiments publics, de centrales thermiques et de réseaux d’eau à Damas, et l’assistance militaire n’a pas manqué, compte tenu de la présence d’environ 170 usines à l’Émirats pour la construction d’armes légères, de missiles guidés, de drones, de véhicules militaires et de navires de guerre.
Dans ce contexte, selon les déclarations d’un diplomate britannique, huit officiers émiratis se sont rendus dans un quartier général de l’armée syrienne pour fournir des conseils militaires, tandis que cinq pilotes syriens auraient participé à une période de formation à l’académie militaire des Émirats à Al -Ain, à l’ouest d’Abu Dhabi. De même, Abu Dhabi offrirait également une formation technique, scientifique et logistique aux dirigeants des services de renseignements militaires syriens. Les formations, qui ont débuté le 15 janvier 2020, durent de deux à douze mois selon leur contenu et sont dispensées par différentes structures disséminées dans les Émirats. Trente et un sous-officiers et huit ingénieurs informatiques civils sont formés aux systèmes d’information et de communication, à la sécurité informatique et aux réseaux.
Les EAU avaient rappelé leur ambassadeur de Damas après le début de la révolution, qui s’est transformée en conflit en cours, dont la date de début remonte au 15 mars 2011. Lors de la réouverture de l’ambassade, Abu Dhabi a précisé qu’elle souhaitait normaliser les relations avec Damas et d’éliminer les risques d’ingérence régionale dans les « affaires syriennes et arabes ». Compte tenu de l’expulsion précédente de la Syrie de la Ligue arabe, l’ouverture de l’ambassade en décembre 2018 a suggéré que les relations entre Damas et les pays arabes anti-Al-Assad s’amélioraient. Cependant, à ce jour, les Émirats n’ont pas encore nommé leur propre ambassadeur en Syrie, probablement pour ne pas alimenter les désaccords avec son allié américain, notamment après l’entrée en vigueur de la loi César le 17 juin.
Le conflit syrien, est vu par les Emirats Arabes Unis comme un moyen de contrer l’ennemi iranien, allié d’Al Assad. Cela les a conduits à soutenir une campagne de communication en faveur des rebelles de l’armée syrienne libre en Grande-Bretagne, sur la période 2012-2014. C’est en particulier l’émirat de l’ambassade de Londres qui a pris en charge les coûts des services fournis, gérés par Lana Nusseibeh, diplomate d’Abu Dhabi, et par le ministre des Affaires étrangères de l’émirat, Anwar Gargash. Au cours de la même période, les Émirats arabes unis ont fourni du carburant à l’armée syrienne, en violation de l’embargo imposé par les États-Unis et l’Union européenne. Cela a conduit, en 2014, le département du Trésor américain à inclure la société pétrolière Emirati Pangates International Corporation dans la liste des entités sanctionnées. Malgré leur soutien à Al Assad, les Émirats arabes unis n’ont jamais rompu leurs liens avec l’opposition syrienne, soutenue par la Turquie, tout en se distanciant des courants définis comme des « djihadistes ».