Le président libanais, Michel Aoun, a fixé la date du 15 octobre comme jour de début des consultations parlementaires visant à nommer un nouveau Premier ministre. Parallèlement, Paris s’est également engagé à mobiliser la communauté internationale.
L’annonce d’Aoun intervient environ deux semaines après les déclarations du premier ministre désigné, Mustapha Adib, qui, le 26 septembre, a déclaré qu’il n’avait pas réussi la mission qui lui avait été confiée, à savoir former une équipe gouvernementale non partisane et indépendante, comme demandé Paris et de plusieurs donateurs internationaux. Cette fois, c’est le duo chiite, composé du Hezbollah et d’Amal, qui est considéré comme les principaux coupables de l’impasse politique persistante à Beyrouth. Ces partis ont insisté sur la nomination d’exposants chiites à la tête des ministères exécutifs et surtout à la tête de celui des finances. Les deux parties craignaient qu’Adib, étant musulman sunnite, ne les relègue à un rôle marginal. Dans le même temps, comme l’a déclaré l’ancien Premier ministre Fouad Siniora, ce serait l’Iran, partisan du Hezbollah,
Le 7 octobre, le chef de l’État libanais s’est de nouveau engagé à rencontrer les protagonistes du monde politique libanais, notamment des membres de blocs parlementaires et des représentants indépendants, afin que chacun d’eux puisse désigner son propre candidat à la présidence du gouvernement de Beyrouth. Au Liban, le choix d’un Premier ministre s’est souvent avéré complexe, le consentement des principales forces politiques étant requis avant la nomination officielle, et il en va de même pour l’équipe gouvernementale proposée par la suite.
La France, pour sa part, a tenté à plusieurs reprises d’inciter les parties libanaises à se mobiliser. En particulier, Paris a déclaré qu’il était prêt à soutenir financièrement Beyrouth uniquement en échange d’un nouveau gouvernement capable de mettre en œuvre les réformes dont le pays a besoin. «Les forces politiques libanaises doivent choisir entre la réforme et l’effondrement», a déclaré le 1er septembre le ministère français des Affaires étrangères, précisant comment Beyrouth risque de s’effondrer si elle ne s’engage pas à former un gouvernement dans les plus brefs délais. Une véritable feuille de route est venue du pays européen, selon laquelle le nouveau gouvernement libanais devra également prendre des mesures pour lutter contre la corruption, en échange de milliards de dollars d’aide internationale pour guérir une économie alourdie par d’énormes dettes.
Dans ce contexte, le ministre français des Affaires étrangères, Jean Yves Le-Drian, a déclaré que son pays était prêt à organiser une conférence entre les différents bailleurs de fonds internationaux, qui se tiendra vraisemblablement au mois de novembre prochain tandis que le soi-disant «Groupe de contact» international se réunira dans les prochains jours pour souligner la nécessité pour Beyrouth de former une équipe gouvernementale. Le soutien français avait été annoncé plus tôt par le président français, Emmanuel Macron, qui, après la violente explosion qui a frappé le port de Beyrouth le 4 août, avait promis une aide en échange d’un gouvernement composé de spécialistes et de personnalités indépendantes.
Il s’agit d’un soutien nécessaire pour résoudre l’une des pires crises du pays du Moyen-Orient depuis la guerre civile de 1975-1990. La dette souveraine de Beyrouth s’élève à 87 milliards de dollars, soit 170% du PIB, alors que la monnaie locale se dévalorise de plus en plus et que le taux de pauvreté est proche de 55%, soit environ 2,3 millions d’individus.