16 juillet 2025 – La Havane – La ministre cubaine du Travail et de la Sécurité sociale, Marta Elena Feito Cabrera, a présenté sa démission après des propos jugés déconnectés de la réalité socio-économique du pays. Lors d’une audition à l’Assemblée nationale, elle avait affirmé qu’il n’y avait « aucun mendiant à Cuba », seulement des personnes se faisant « discrètement passer pour tels », ajoutant que ceux qui nettoient les pare-brise mènent une vie « facile », souvent utilisée pour acheter de l’alcool .
Ces déclarations sont vite devenues virales, suscitant une vague d’indignation sur les réseaux sociaux et dans des secteurs officiels.
Ces propos, rapidement relayés sur les réseaux sociaux, ont déclenché une tempête politique. Dans un pays où la crise économique affecte durement les conditions de vie, ces paroles ont été perçues comme une insulte aux réalités du peuple cubain, La situation économique précaire du pays – marquée par des pannes d’électricité fréquentes, des pensions d’environ 5 $/mois et l’apparition de scènes de mendicité – contredisait directement les propos de Feito où les files d’attente, la pénurie alimentaire et la débrouille sont devenues le quotidien de nombreux citoyens.
Face à l’ampleur de la polémique, la ministre a remis sa démission. Dans un communiqué, la présidence cubaine a indiqué que Feito avait reconnu son « manque d’objectivité et de sensibilité », deux qualités essentielles dans la gestion des affaires sociales dans un contexte aussi tendu. Sa démission a été acceptée par le Bureau politique et le Conseil d’État.
Cuba accuse régulièrement l’embargo commercial imposé par les États-Unis d’être à l’origine de ses difficultés économiques. Mais au-delà des sanctions extérieures, la rigidité du modèle économique et les lenteurs dans les réformes internes contribuent à aggraver les tensions sociales.
La chute rapide de la ministre montre une chose : le pouvoir cubain ne peut plus ignorer la voix de la rue, surtout à l’ère des réseaux sociaux et des critiques de plus en plus publiques. Ce cas illustre également la fracture croissante entre les élites politiques et la population, dans un pays où les slogans révolutionnaires ne suffisent plus à masquer la détresse sociale.
Alors que Cuba tente tant bien que mal de relancer son économie et d’attirer des investissements, la sensibilité sociale et la légitimité des discours officiels seront désormais scrutées de très près.