Le Premier ministre britannique, Rishi Sunak, persiste dans la défense de son projet d’envoyer des demandeurs d’asile au Rwanda, malgré une réaction croissante parmi les députés conservateurs à la suite de la publication d’une loi d’urgence concernant cette initiative.
La démission récente du ministre de l’Immigration, Robert Jenrick, en raison de divergences marquées sur la politique d’immigration du gouvernement, a exacerbé les tensions au sein du parti. Sunak a appelé ses députés conservateurs à soutenir cette proposition, bien que cela ait plongé le parti dans un état de confusion.
Le « projet de loi sur la sécurité du Rwanda » vise à contourner une décision récente de la Cour suprême du Royaume-Uni qui a jugé illégal le projet du gouvernement d’expulser des milliers de demandeurs d’asile et de migrants vers le Rwanda. L’ancienne ministre de l’Intérieur de Sunak, Suella Braverman, a critiqué la loi, appelant le Premier ministre à revoir la politique d’immigration, un enjeu majeur en prévision des élections générales prévues l’année prochaine.
Lors d’une conférence de presse improvisée à Downing Street, Sunak a tenté de rassurer les conservateurs mécontents en soulignant la nécessité de l’unité derrière ce plan. Le vote sur le projet de loi est prévu la semaine prochaine, mais Sunak nie qu’il s’agisse d’un vote de confiance sur son leadership, bien que certains députés conservateurs évoquent la possibilité d’un défi.
Le projet de loi qualifie le Rwanda de pays sûr, permettant ainsi aux ministres britanniques de contourner certains aspects de la législation sur les droits de l’homme. Ces dispositions suscitent des préoccupations parmi les partis d’opposition et les défenseurs des droits de l’homme, tandis que le Rwanda a averti qu’il se retirerait d’un traité bilatéral récemment signé si le Royaume-Uni ne respecte pas le droit international.
Sunak insiste sur la primauté du Parlement britannique dans cette affaire et rejette toute ingérence d’un « tribunal étranger ». Il affirme que le projet de loi réussira à assurer le départ des vols, dissuadant ainsi l’immigration illégale.
Cette situation accentue les divisions au sein du Parti conservateur déjà fragmenté, ayant vu défiler quatre Premiers ministres en un peu plus de quatre ans. Les schismes entre les factions droitières et modérées se sont intensifiés depuis le vote en faveur du Brexit en 2016, centré sur la promesse de « reprendre le contrôle » des frontières. Braverman, récemment limogée par Sunak, a averti que l’échec du projet de loi sur le Rwanda pourrait plonger les conservateurs dans « l’oubli électoral ». Sunak, évitant de se prononcer sur des élections anticipées en cas de défaite, reste au centre des spéculations à Westminster.