Une réaction significative au défi de la migration irrégulière en Tunisie s’est manifestée par la signature d’un règlement par 45 députés du parlement. Ce règlement vise à établir une commission parlementaire d’enquête sur le sujet et à convoquer le Premier ministre pour discuter des mesures gouvernementales face à l’augmentation des flux migratoires clandestins.
Cette initiative découle de la reconnaissance, lors d’un conseil de sécurité le lundi 6 mai, par le président Kaïs Saïed, de l’existence d’expulsions massives coordonnées par les autorités tunisiennes. Ces expulsions, impliquant environ 400 individus, s’inscrivent dans un contexte de virage sécuritaire, initié depuis le discours du président Saïed en février 2023. Dans ce discours, il avait désigné les migrants clandestins comme une menace pour l’identité nationale et appelé à une action ferme contre eux.
Ce virage sécuritaire s’est traduit par une répression accrue contre les migrants africains et les organisations de la société civile qui les soutiennent. Des arrestations ont eu lieu, notamment celle de Saadia Mosbah, présidente de Mnemty, pour son engagement contre les politiques anti-migrants du président Saïed. Des membres d’autres associations, comme Terre d’Asile Tunisie, ont également été ciblés.
En parallèle, les autorités tunisiennes continuent d’empêcher les migrants de rejoindre l’Europe, avec le soutien financier et logistique de l’Union européenne. Ce durcissement des politiques migratoires a conduit à une augmentation des interceptions en mer par la Garde nationale, comme en témoignent les chiffres fournis par son porte-parole, Houssem Jebabli.
Cette répression croissante suscite des inquiétudes quant à l’impact sur les migrants et les demandeurs d’asile, ainsi que sur les organisations qui leur viennent en aide. Elle reflète également une volonté politique affirmée de ne pas laisser la Tunisie devenir un point de passage vers l’Europe pour les migrants.