La Thaïlande traverse une nouvelle crise politique majeure avec la destitution de Srettha Thavisin, ancien Premier ministre (2019-2023), par la justice. Accusé d’avoir nommé un ministre condamné pour corruption, Srettha Thavisin se voit exclu de ses fonctions, laissant le pays dans l’incertitude à moins d’un an de son entrée en poste.
Le tribunal thaïlandais a voté à une majorité de 5 contre 4 en faveur de la destitution de Srettha Thavisin. La décision fait suite à des accusations portées par quarante sénateurs pro-militaires, qui reprochent au Premier ministre d’avoir enfreint les règles éthiques en nommant Pichit Chuenban, un avocat condamné pour corruption en 2008, au poste de ministre. Cette décision survient dans un contexte de stagnation économique et d’inquiétudes croissantes concernant la démocratie en Thaïlande.
Srettha Thavisin a exprimé son respect pour la décision judiciaire tout en se défendant de toute malhonnêteté, affirmant avoir dirigé le pays avec intégrité. Il a également regretté d’être considéré comme malhonnête, alors qu’il prétend n’avoir jamais commis d’infractions.
L’éviction de Srettha Thavisin s’inscrit dans un climat politique déjà tendu, marqué par l’instabilité chronique du royaume. La semaine dernière, la Cour constitutionnelle avait dissous le principal parti d’opposition et banni son leader pro-démocratie, Pita Limjaroenrat, une décision qui a été critiquée par les Nations Unies et les groupes de défense des droits humains. L’impact de ces événements sur la crédibilité du système politique thaïlandais est considérable, suscitant des préoccupations quant à la perte de confiance des investisseurs étrangers et à la stabilité économique future du pays.
La crise actuelle évoque les tensions des années 2000 et 2010 entre le clan Shinawatra, dont Srettha est proche, et les élites conservatrices, y compris l’armée et la monarchie. L’année dernière, malgré ces rancœurs passées, une coalition avait été formée pour soutenir Srettha Thavisin, issu du parti Pheu Thai dirigé par la famille Shinawatra. Cette coalition pourrait proposer comme successeur Paetongtarn Shinawatra, la fille de Thaksin Shinawatra, ou encore Anutin Charnvirakul, le ministre de l’Intérieur.
La réunion de la coalition prévue pour jeudi pourrait définir le nom du prochain Premier ministre, avec un vote programmé pour vendredi. En parallèle, le parti Move Forward (MFP), qui avait remporté une majorité d’électeurs en 2023 avec des propositions de réforme audacieuses, a été dissous. Ses membres ont cependant formé un nouveau parti, le Parti du peuple, visant à conquérir le pouvoir lors du prochain scrutin.
L’instabilité politique actuelle reflète une Thaïlande en proie à des bouleversements profonds, entre aspirations progressistes et résistances conservatrices. Le choix du futur Premier ministre et les répercussions de cette crise détermineront sans aucun doute le futur politique du pays et ses relations avec les acteurs internationaux.