Les agences humanitaires des Nations Unies saluent avec soulagement la réouverture du poste frontière d’Adre, situé à la frontière avec le Tchad. Cette mesure est considérée comme une avancée cruciale pour permettre l’acheminement de l’aide humanitaire vers des millions de personnes en détresse au Soudan, dont l’accès à la nourriture, aux médicaments et à d’autres secours essentiels est sévèrement restreint.
Le Programme alimentaire mondial (PAM) qualifie le Soudan de théâtre de la pire crise alimentaire mondiale, avec 25,6 millions de personnes souffrant d’une « faim aiguë ». Leni Kinzli, porte-parole du PAM, précise que 54 % de la population soudanaise est incapable de garantir un repas quotidien de base, vivant dans une précarité extrême où certains doivent se contenter de feuilles d’arbres ou d’herbe pour survivre.
Le PAM indique qu’environ 755 000 personnes se trouvent dans une situation de « faim catastrophique », sans options viables pour se nourrir. La famine a été récemment confirmée dans le camp de déplacés de Zamzam, situé à une douzaine de kilomètres d’El Fasher, capitale du Darfour du Nord, où les combats s’intensifient et poussent davantage de personnes à fuir.
L’ouverture du corridor humanitaire par Adre permettra de faire parvenir l’aide dans les régions du Darfour, en pleine crise. Le PAM a commencé à préparer des stocks de vivres et de produits nutritionnels essentiels, prêts à être transportés à travers ce corridor dans les semaines à venir. L’organisation souligne l’urgence de faire passer des camions quotidiennement pour maintenir un flux constant d’aide, avec des cargaisons destinées à nourrir un demi-million de personnes.
En plus des défis liés à l’insécurité alimentaire, les fortes pluies et les inondations aggravent la situation. Les infrastructures détruites et les routes impraticables compliquent l’accès à l’aide pour les communautés déjà isolées par la violence.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) révèle que l’accès aux soins médicaux est gravement limité en raison de l’insécurité, entraînant une pénurie de médicaments, de matériel médical et de personnel soignant. « De nombreux hôpitaux sont inopérants », déclare le Dr Margaret Harris, porte-parole de l’OMS, soulignant que des milliers de personnes meurent faute d’accès aux soins de santé essentiels.
Médecins Sans Frontières (MSF) avertit du risque imminent de fermeture du dernier hôpital fonctionnel d’El Fasher, soutenu par l’organisation, dont les capacités ont été gravement compromises par des attaques. Si l’hôpital cesse de fonctionner, les conséquences seraient catastrophiques pour les blessés.
La réouverture du poste frontière d’Adre intervient en parallèle avec les négociations de paix qui ont débuté à Genève sous l’égide des États-Unis. Les organisations humanitaires considèrent ces pourparlers comme une opportunité cruciale pour résoudre les blocages qui entravent l’acheminement de l’aide. « Il est impératif que les parties en conflit abandonnent les hostilités et participent aux négociations pour permettre l’acheminement rapide de l’aide alimentaire vers les populations affamées », conclut Leni Kinzli.