Le 7 octobre 2024, l’Éthiopie a élu son nouveau président, Taye Atske-Sélassié, ancien ministre des Affaires étrangères et diplomate chevronné. Succédant à Sahle-Work Zewde, première femme présidente du pays, cette élection, bien que largement protocolaire, s’inscrit dans un contexte marqué par des enjeux politiques et diplomatiques majeurs pour l’Éthiopie.
Le poste de président en Éthiopie, bien que essentiellement honorifique, revêt une importance particulière à ce moment critique. Taye Atske-Sélassié, âgé de 68 ans, possède une expérience diplomatique de plus de trois décennies, notamment en tant qu’ambassadeur aux Nations unies et représentant du pays à Washington et au Caire. Ses connaissances et son parcours en relations internationales sont des atouts précieux alors que l’Éthiopie se trouve confrontée à des tensions régionales liées au barrage de la Renaissance, qui a provoqué des frictions avec l’Égypte et le Soudan, ainsi qu’aux aspirations du pays à accéder à la mer via le Somaliland.
Lors de son discours d’investiture, Atske-Sélassié a insisté sur l’unité nationale et le renforcement des relations internationales comme leviers pour relever les défis économiques et géopolitiques du pays. Il a notamment réaffirmé l’objectif de croissance économique de 8,4 % pour l’année à venir, malgré une économie marquée par l’inflation et une pénurie de devises. Sa vision place la diplomatie au centre des ambitions éthiopiennes, notamment dans le cadre des relations avec la Chine et les BRICS, dont l’Éthiopie est désormais membre.
Le nouveau président devra naviguer dans un environnement interne tendu, où les conflits ethniques et les défis économiques sont omniprésents, particulièrement après les affrontements dans la région du Tigré. La diversité ethnique, atout et source de tension, nécessite une gestion délicate pour préserver la stabilité du pays. Sur le plan régional, la nomination d’Atske-Sélassié, fort de son expérience comme ambassadeur au Caire, pourrait apaiser les tensions avec l’Égypte autour du projet de barrage sur le Nil, un dossier crucial pour l’avenir des relations entre ces deux pays.
Bien que le pouvoir exécutif reste concentré dans les mains du Premier ministre Abiy Ahmed, la nomination de Taye Atske-Sélassié en tant que président apporte une dimension symbolique et stratégique. Sa capacité à utiliser son expérience diplomatique pour renforcer la position de l’Éthiopie sur la scène internationale, tout en maintenant la cohésion nationale, sera cruciale pour l’avenir du pays. Face aux défis internes et régionaux, son mandat pourrait jouer un rôle clé dans la stabilité et la croissance de l’Éthiopie.