Dans le pays de Mickey, une grande question se pose parmi les spécialistes : les phénomènes de mort et de meurtre qui surviennent dans ce pays depuis plusieurs décennies sont-ils une réalité naturelle et logique, résultant de l’accroissement démographique et urbain que notre pays a connu, ou bien s’agit-il d’échéances inévitables où les vies arrivent subitement à leur terme, souvent pour des raisons futiles ? Ou encore, est-ce une malédiction qui poursuit notre Algérie depuis l’époque du premier colonialisme jusqu’à aujourd’hui ?
En réalité, ce sujet trouve ses racines dans plusieurs facteurs et données. Historiquement, la mort frappait principalement les classes populaires et les esclaves, tandis que les dirigeants et les citoyens proches du colonisateur restaient à l’abri de cette malédiction. Et cela perdure. Jamais nous n’avons entendu qu’un général, un président ou l’enfant d’un responsable soit mort à la suite d’une querelle autour d’une cigarette, asphyxié par du gaz dans sa propre salle de bain, empoisonné par un repas avarié, ou poignardé par un voleur habile. Non, cela n’arrive pas, et cela n’arrivera jamais. La mort et le meurtre poursuivent exclusivement les citoyens démunis, qui y sont tellement habitués qu’ils en viennent à attendre leur tour, simplement…
Des incidents mortels continuent d’arracher des vies innocentes, des citoyens qui meurent de manière absurde et naïve. Des incidents qui, s’ils survenaient dans un pays européen, ne causeraient pas la moindre perte humaine. Mais, comme c’est le cas en Algérie, la vie d’un citoyen n’a aucune valeur ni compensation. Si un citoyen ne meurt pas naturellement, il mourra sous les balles des soldats des généraux…
En une seule journée, plusieurs incidents successifs ont coûté la vie à de nombreux citoyens, de manière étrange et absurde. La première victime fut le jeune Youssef. Il ne se trouvait pas parmi les martyrs à Gaza en guerre contre Israël, ni à Paris réclamant les crânes de nos ancêtres. Il était simplement sur un terrain de football et s’est heurté à un joueur adverse. Il a perdu connaissance. En l’absence d’un médecin secouriste, d’une ambulance, ou même d’eau potable, l’enfant Youssef a perdu la vie, lentement et sans aucune assistance.
Dans l’après-midi, un mur d’une mosquée en ruine s’est effondré sur cinq jeunes garçons, les tuant sur le coup. Aucun d’entre eux n’a pu être sauvé, les secours étant arrivés avec des heures de retard. Le soir même, une famille entière de sept membres, comprenant les grands-parents, les parents et les enfants, est morte asphyxiée au monoxyde de carbone.
Quant aux accidents de la route, ils tuent des dizaines de personnes chaque jour, tandis que d’autres sont assassinées par des jets de pierres, des coups de hache, des coups de couteau ou encore des tirs de balles. Ces scènes sont monnaie courante à travers tout le pays. En Algérie, nous vivons une petite guerre silencieuse qui saigne les âmes des citoyens pauvres, et personne, dans la clique des généraux, ne s’en soucie. Comme si ces vies étaient celles d’animaux et non celles d’êtres humains.