Un coup de théâtre politique s’est joué en Roumanie ce dimanche lors du premier tour de l’élection présidentielle. Calin Georgescu, candidat d’extrême droite aux accents prorusses, a surpris en talonnant le Premier ministre pro-européen Marcel Ciolacu, selon des résultats partiels.
Avec 22 % des voix après dépouillement de 90 % des bulletins, Georgescu devance légèrement Ciolacu, crédité de 21,1 %. Ce résultat inattendu fait planer l’incertitude sur le second tour, prévu le 8 décembre.
Dans un climat marqué par l’inflation, la peur de la guerre et une lassitude envers le système en place, l’extrême droite a réalisé une percée historique. Les candidats de ce courant, dont Georgescu et George Simion, chef du parti AUR, ont cumulé plus d’un tiers des suffrages.
Le politologue Cristian Pirvulescu souligne que cette progression reflète une montée des frustrations sociales et géopolitiques, rappelant les dynamiques observées dans d’autres pays d’Europe centrale comme la Slovaquie et la Hongrie.
La Roumanie, frontalière de l’Ukraine et clé dans le transit des céréales ukrainiennes, est un pilier de l’Otan dans la région. Cette montée des voix antisystèmes et souverainistes pourrait compliquer son rôle stratégique et ses relations avec les partenaires occidentaux.
Georgescu, porté par une campagne virale axée sur l’arrêt du soutien à l’Ukraine, a su captiver une partie de l’électorat en quête de changement. « Le peuple roumain a crié pour la paix », a-t-il déclaré.
Les élections législatives prévues le 1er décembre pourraient confirmer cette poussée de l’extrême droite, compliquant davantage les négociations pour former une coalition stable. Les sociaux-démocrates, au pouvoir en alliance avec les libéraux, devront compter avec une opposition renforcée et un électorat divisé.
Ce scrutin marque un tournant pour la Roumanie, jusque-là fidèle à une ligne pro-européenne. Les prochaines semaines s’annoncent décisives pour l’avenir politique et géopolitique du pays.