Le match entre le CS Constantine (CSC) et le NC Magra (NCM), comptant pour la 14e journée du championnat de Ligue 1 Mobilis en Algérie, a pris une tournure inattendue, marquée par une décision d’arbitrage très controversée. Bien que la rencontre se soit conclue sur un score nul de 0-0, c’est l’annulation d’un but inscrit par le CSC qui a suscité une vive polémique.
L’incident s’est produit en toute fin de match, lorsque l’attaquant nigérian du CSC, Tosin Omoyele, a marqué un but à la 90e+8 minute. L’arbitre international Lotfi Bekouassa avait dans un premier temps validé ce but, mais a ensuite pris la décision de l’annuler après consultation d’un téléphone portable, sur lequel un joueur du NC Magra lui a montré que l’attaquant du CSC se trouvait en position de hors-jeu au moment de l’action. Cette situation a été d’autant plus frustrante pour les joueurs du CSC et leurs supporters, d’autant que le match était retransmis à la télévision publique, mais la VAR n’était pas en place, ce qui a exacerbé la tension.
La décision de l’arbitre a provoqué une véritable tempête sur le terrain et en dehors, où joueurs, staffs et dirigeants des deux équipes se sont affrontés verbalement, chacun défendant sa version de l’incident. La scène a également enflammé les réseaux sociaux, où de nombreuses critiques ont été émises à l’encontre des arbitres et de la Fédération Algérienne de Football (FAF), dont l’image a été une nouvelle fois mise à mal.
Face à la polémique grandissante, la Fédération algérienne de football a réagi rapidement. Dans un communiqué publié dans la matinée du dimanche 22 décembre, la FAF a exprimé ses regrets concernant l’issue de la rencontre, soulignant qu’une « erreur d’arbitrage flagrante » avait eu lieu, ternissant ainsi l’image du football algérien. La FAF a annoncé la suspension immédiate des deux arbitres responsables, Lotfi Bekouassa et Adel Abane, et ordonné l’ouverture d’une enquête par la Commission Fédérale de l’Arbitrage (CFA) pour éclaircir cette affaire.
La FAF a justifié cette décision en précisant qu’elle ne tolérerait aucune atteinte à l’image du football algérien et qu’elle œuvrait pour la moralisation du corps arbitral, en particulier face à des incidents susceptibles d’alimenter la violence et les tensions dans le sport.
Cependant, la réponse de la FAF soulève plusieurs interrogations. D’abord, cette réaction intervient après l’incident, ce qui laisse à penser qu’il manque des mesures préventives pour éviter de telles erreurs. Le système de la VAR, qui aurait pu éviter cette situation, était absent, et la suspension des arbitres ne résout que le symptôme d’un problème plus profond. La FAF devrait peut-être se concentrer sur l’amélioration de la formation des arbitres et sur l’implémentation systématique de la VAR pour toutes les rencontres importantes.
De plus, la décision de suspendre les arbitres et d’ouvrir une enquête peut sembler comme une action symbolique. L’absence de transparence sur les résultats de telles enquêtes nourrit souvent le scepticisme. Les enquêtes internes de la FAF sont rarement rendues publiques, ce qui suscite des doutes sur leur impartialité et leur efficacité. Une véritable réforme du système arbitral serait sans doute plus bénéfique pour éviter que de tels incidents ne se reproduisent à l’avenir.
Ce n’est pas la première fois que des décisions d’arbitrage controversées perturbent le championnat algérien. L’histoire récente du football algérien est marquée par plusieurs erreurs d’arbitrage qui ont eu des conséquences importantes sur le déroulement des matchs. À titre d’exemple, lors de la saison précédente, un incident similaire avait eu lieu lors d’un match entre le Mouloudia d’Alger et le Paradou AC, où un arbitre avait annulé un penalty en raison de l’utilisation des images télévisées, bien que la VAR ne soit pas en place.
Ces incidents révèlent un problème récurrent dans le système arbitral algérien, où des erreurs humaines non corrigées par la technologie compromettent l’intégrité des compétitions.
Au-delà de cette sanction, la FAF devra aussi se pencher sur des réformes structurelles pour améliorer le niveau de son corps arbitral. La mise en place de la VAR dans tous les stades, la formation continue des arbitres, ainsi qu’un système d’évaluation transparent des performances des officiels semblent être des pistes incontournables pour éviter de nouvelles erreurs de ce genre.