Le dimanche 3 août 2025, plusieurs milliers de manifestants se sont rassemblés dans les grandes villes du Brésil, dont São Paulo et Rio de Janeiro, pour exprimer leur soutien à l’ancien président Jair Bolsonaro et protester contre la Cour suprême fédérale (STF) ainsi que contre le président Luiz Inácio Lula da Silva. Ces rassemblements, orchestrés par les partisans de Bolsonaro, reflètent une polarisation politique croissante et un climat de tension qui fragilise la stabilité démocratique du pays.
Au cœur de la contestation se trouve le procès en cours contre Bolsonaro, accusé par la justice brésilienne d’avoir fomenté un complot visant à renverser le gouvernement démocratiquement élu en 2022. Cette procédure judiciaire, initiée par une commission de cinq juges de la Cour suprême, a abouti en mars à la décision unanime de traduire l’ancien président devant un tribunal. Si la culpabilité de Bolsonaro est reconnue, il risque une peine de prison lourde, renforçant ainsi la gravité de la crise politique.
Bien que Jair Bolsonaro soit assigné à résidence à Brasilia, interdit de sortir les week-ends et jours fériés sous contrôle électronique, il a maintenu un rôle actif dans la mobilisation. Son fils, Flávio Bolsonaro, sénateur et figure influente de la droite radicale, a assuré le lien direct entre l’ancien président et les manifestants, transmettant des messages de soutien et d’encouragement.
Les manifestants ont réclamé une amnistie générale pour toutes les personnes impliquées dans ce qu’ils qualifient de « tentative légitime de défense de la démocratie », en référence à l’élection contestée de 2022 et à la période qui a suivi. Ces revendications s’inscrivent dans un contexte où le président Lula, revenu au pouvoir en janvier 2023, est accusé par ses opposants d’utiliser la justice pour éliminer ses rivaux politiques.
Par ailleurs, le juge Alexandre de Moraes, membre clé de la Cour suprême fédérale, a joué un rôle central dans l’instruction du dossier contre Bolsonaro. Ce magistrat a imposé des mesures restrictives à l’ancien président et à plusieurs membres de sa famille, notamment à Eduardo Bolsonaro, aujourd’hui exilé aux États-Unis, soupçonné d’avoir tenté d’interférer dans les affaires politiques brésiliennes avec l’appui d’acteurs étrangers.
Ces événements révèlent une fracture profonde au sein de la société brésilienne, opposant un électorat conservateur et populiste à un gouvernement de gauche cherchant à consolider ses réformes et à défendre l’État de droit. Dans un pays où l’histoire récente est marquée par des épisodes de violences politiques et d’instabilité institutionnelle, la crise actuelle met en lumière les défis majeurs auxquels est confrontée la démocratie brésilienne.
Alors que le procès de Bolsonaro doit s’ouvrir dans les prochains mois, la question demeure : le Brésil parviendra-t-il à surmonter cette période de division intense sans basculer dans un conflit institutionnel plus grave ?