En 2024, l’Algérie a expulsé plus de 31 404 migrants vers la frontière nigérienne, établissant un record inquiétant dans une politique de gestion des flux migratoires largement critiquée. Ces expulsions, documentées par l’ONG Alarme Phone Sahara (APS), s’inscrivent dans un contexte marqué par des pratiques jugées violentes, inhumaines et contraires aux conventions internationales sur les droits des migrants.
Les migrants expulsés, principalement originaires de pays d’Afrique subsaharienne, se retrouvent souvent abandonnés dans des zones désertiques reculées, dépourvues de ressources vitales et de structures d’assistance. Ces pratiques, dénoncées depuis plusieurs années, ont atteint en 2024 des proportions sans précédent.
Selon Alarme Phone Sahara, les forces de sécurité algériennes mènent régulièrement des raids et des arrestations massives dans les lieux de vie et de travail des migrants, notamment dans des chantiers de construction et des bâtiments abandonnés. Les migrants appréhendés sont ensuite transportés en camions vers le sud du pays et déposés à la frontière nigérienne, souvent en plein désert, sans eau ni nourriture.
Plusieurs témoignages rapportent que des personnes blessées, malades ou épuisées ont été abandonnées en situation de danger extrême. Mamadou, un jeune Sénégalais de 22 ans, raconte :
« Après des jours de détention, nous avons été transportés dans des bus pendant plusieurs heures avant d’être abandonnés dans le désert. Nous avons dû marcher des kilomètres pour atteindre Assamaka, complètement épuisés. »
Les conséquences de ces pratiques sont souvent tragiques, avec des décès liés aux conditions extrêmes du désert.
L’ONG APS et d’autres organisations, comme l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM) et Médecins Sans Frontières (MSF), ont vivement critiqué ces expulsions qu’elles qualifient d’ »injustifiées et inhumaines ». Ces organisations dénoncent également une absence totale de coordination pour garantir la sécurité et la dignité des migrants.
Face à ces actes, le gouvernement nigérien a exprimé son mécontentement en convoquant l’ambassadeur d’Algérie à Niamey en avril 2024. Les autorités nigériennes ont dénoncé la violence des opérations de rapatriement et les conditions brutales dans lesquelles les migrants sont abandonnés.
Outre l’Algérie, la Libye contribue également à cette crise. En 2024, plusieurs milliers de migrants ont été expulsés de Libye vers le Niger, exacerbant la crise humanitaire dans les régions frontalières. Les centres de transit, comme celui d’Assamaka ou Dirkou, sont surchargés, laissant des centaines de migrants sans abri ni soutien.
Ces expulsions massives mettent en lumière des contradictions majeures :Violations des droits humains L’Algérie, signataire de plusieurs conventions internationales, a l’obligation de garantir les droits des migrants, même en situation irrégulière. Ces pratiques violent directement ces engagements et exposent les migrants à des conditions dégradantes.
Un paradoxe de solidarité panafricaine Bien que l’Algérie se positionne souvent comme un acteur clé de la solidarité africaine, sa politique migratoire démontre une réalité opposée, marquée par des actes discriminatoires et inhumains.
L’inaction régionale Malgré les protestations du Niger et les condamnations des ONG, l’absence d’une réponse concertée de l’Union africaine et des pays voisins reste préoccupante. Cette passivité laisse les migrants vulnérables face à des violations répétées de leurs droits.
Conséquences humanitaires graves L’abandon de migrants dans des zones désertiques, sans ressources ou accompagnement, génère une crise humanitaire aux conséquences dramatiques, non seulement pour les individus concernés, mais aussi pour les régions d’accueil déjà fragiles.
Les récits des migrants expulsés illustrent la brutalité de ces pratiques. Nombre d’entre eux évoquent des conditions de détention insupportables, des transferts violents et une absence totale d’accompagnement après leur expulsion.
« Nous étions plusieurs dizaines entassés dans un camion, sans eau ni nourriture. À notre arrivée, ils nous ont juste dit de marcher tout droit vers le Niger. Certains n’ont pas survécu. »
Ces témoignages soulignent l’urgence d’une intervention pour mettre fin à ces abus.Les expulsions massives orchestrées par l’Algérie nécessitent une mobilisation urgente de la communauté internationale et des organisations régionales, la mise en place de mécanismes contraignants pour garantir le respect des droits des migrants.et un soutien accru aux régions frontalières, notamment au Niger, pour répondre à la crise humanitaire.