Après plus de deux ans de gouvernance intérimaire, le Liban a officiellement un nouveau gouvernement dirigé par le Premier ministre Nawaf Salam. Ce dernier a réaffirmé mardi son engagement à restaurer la souveraineté nationale en assurant le monopole de l’État sur les armes.. Dans un contexte de crise politique et économique inédite, cette transition représente une étape décisive pour le pays du Cèdre, bien que la position du Hezbollah face à ce nouveau pouvoir demeure incertaine.
Affaibli par la récente guerre avec Israël, le Hezbollah pro-iranien a néanmoins accordé sa confiance au nouveau gouvernement, tout en posant certaines exigences. « Nous accordons notre confiance au gouvernement (…) en espérant qu’il se distinguera par sa sagesse et sa bonne gestion », a déclaré Mohammad Raad, chef du bloc parlementaire du Hezbollah, lors de la séance d’investiture.
Ce soutien reste cependant conditionnel. Conscient des défis à venir, le Hezbollah, dont l’influence a été réduite après le conflit de novembre dernier, adopte une approche pragmatique en affichant une volonté de coopération avec les nouvelles autorités. M. Raad a ainsi souligné que son parti restait déterminé à préserver la souveraineté du pays et à assurer sa stabilité, malgré les différends de fond avec l’orientation affichée par le gouvernement Nawaf Salam.
La formation de ce nouveau gouvernement intervient dans un climat de tensions exacerbées. La guerre avec Israël, qui s’est soldée par un cessez-le-feu le 27 novembre 2024, a laissé des traces profondes sur le Hezbollah, dont une grande partie des infrastructures a été détruite. Plusieurs de ses hauts responsables ont également été éliminés lors des frappes israéliennes, affaiblissant encore davantage son assise politique au Liban.
Dans ce contexte, Nawaf Salam a clairement affiché son intention d’imposer la primauté de l’État sur l’ensemble du territoire. « L’État doit avoir le monopole du port des armes », a-t-il insisté dans un discours qui fait écho aux déclarations du président de la République, Joseph Aoun. En affirmant sa volonté de déployer l’armée libanaise dans les zones frontalières reconnues internationalement, M. Salam tente d’envoyer un signal fort quant à la souveraineté du pays, une démarche qui pourrait s’opposer directement aux intérêts du Hezbollah.
Malgré la cessation des hostilités, Israël maintient encore sa présence dans cinq points stratégiques du sud du Liban, une situation dénoncée par Beyrouth et par le Hezbollah. Lors de la séance parlementaire de mardi, Nawaf Salam a réitéré la détermination de son gouvernement à « prendre toutes les mesures nécessaires pour libérer l’ensemble du territoire libanais de l’occupation israélienne ».
Cette déclaration vise à rassurer les partisans de la Résistance, mais elle reflète également la complexité des rapports de force dans la région. Le Hezbollah, bien que fragilisé, reste une force incontournable sur l’échiquier politique et militaire du Liban. Son soutien au gouvernement, bien que prudent, souligne cette réalité.
Cependant, cette initiative dépend largement de l’aide internationale, qui reste conditionnée à la mise en œuvre de réformes structurelles. La communauté internationale a maintes fois exigé des mesures pour lutter contre la corruption et garantir la transparence des finances publiques, un défi de taille pour une classe politique largement décriée.
Le Premier ministre Nawaf Salam a également insisté sur la nécessité pour le Liban d’adopter une politique étrangère équilibrée, visant à protéger le pays des influences extérieures. « Nous devons préserver l’indépendance du Liban et éviter qu’il ne devienne un terrain de confrontation entre puissances régionales », a-t-il déclaré.
Si l’accord du Hezbollah au gouvernement Salam semble être une concession pragmatique, il ne signifie pas pour autant un changement de cap radical. Le mouvement chiite reste un acteur majeur du paysage libanais, et toute tentative de marginalisation pourrait entraîner une nouvelle crise.