Lors du sommet arabe tenu au Caire ce mardi 4 mars 2025, le président palestinien Mahmoud Abbas a dévoilé une série de mesures destinées à restructurer l’Autorité palestinienne et à préparer l’avenir politique des Territoires palestiniens. Parmi les annonces phares figurent la création inédite d’un poste de vice-président et une amnistie visant à réintégrer les membres dissidents du Fatah, son parti, dans un effort de réconciliation interne.
Bien que Mahmoud Abbas n’ait pas nommé explicitement de candidats pour ce nouveau poste, les regards se tournent vers Mohammad Dahlane, une figure influente mais controversée de la politique palestinienne. Ancien chef de la sécurité à Gaza et membre éminent du Fatah, Dahlane avait été évincé par le Hamas lors de leur prise de contrôle de l’enclave en 2007. Exilé depuis aux Émirats arabes unis, où il a tissé des réseaux diplomatiques et économiques solides, il incarne pour certains un potentiel successeur ou partenaire clé pour Abbas. Cette initiative répond à une revendication ancienne des bailleurs de fonds internationaux, qui souhaitent voir une gouvernance palestinienne plus structurée et inclusive, notamment en prévision d’une transition politique.
À 89 ans, Mahmoud Abbas, en poste depuis son élection en 2005 après le décès de Yasser Arafat, fait face à des critiques croissantes sur son leadership et sur l’absence d’élections depuis près de deux décennies. Au Caire, il a renouvelé sa promesse d’organiser des élections présidentielles et législatives « l’année prochaine », soit en 2026, tout en posant une condition : que « les circonstances appropriées » soient réunies. Cette prudence reflète les défis persistants auxquels l’Autorité palestinienne est confrontée, notamment la division avec le Hamas, qui contrôle Gaza, et les tensions dans les territoires occupés.
Abbas a également insisté sur la détermination de l’Autorité palestinienne à mettre en œuvre un ambitieux programme de réformes. Celui-ci vise à moderniser les institutions, renforcer la transparence et améliorer la gouvernance, des priorités soulignées par les dirigeants arabes présents au sommet. Ces mesures s’inscrivent dans un contexte plus large de reconstruction de Gaza, dévastée par des années de conflits, et de préparation à une gestion post-guerre. Le président palestinien a ainsi aligné ses annonces sur les recommandations du sommet, qui incluent le soutien au plan égyptien pour Gaza et l’appel à une administration efficace et unifiée.
Le sommet du Caire a marqué un tournant dans les discussions sur l’avenir des Territoires palestiniens. Outre l’annonce d’Abbas, les dirigeants arabes ont adopté un plan égyptien prévoyant la reconstruction de Gaza et la formation d’un comité intérimaire de technocrates pour gérer le territoire. Ce comité, proposé par l’Égypte, pourrait servir de pont entre les factions palestiniennes et poser les bases d’une réconciliation plus large, un objectif qui demeure toutefois incertain face aux rivalités historiques entre le Fatah et le Hamas.
À l’approche de ses 20 ans à la tête de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas semble poser les jalons d’une transition, bien que son âge et sa santé fragile soulèvent des interrogations sur la succession. La création d’un poste de vice-président, si elle se concrétise, pourrait non seulement clarifier la ligne de commandement mais aussi répondre aux pressions internationales pour une gouvernance renouvelée. Reste à savoir si ces annonces suffiront à apaiser les tensions internes et à redonner confiance à une population palestinienne éprouvée par des décennies de conflit et d’incertitudes politiques.