Les prix du pétrole poursuivent leur baisse, entraînés par les incertitudes liées aux politiques commerciales américaines et leurs répercussions potentielles sur l’économie mondiale. Ce mardi 11 mars 2025, selon Reuters, les cours ont reculé pour la deuxième journée consécutive, sous l’effet combiné des craintes d’une récession aux États-Unis et des ajustements prévus par l’OPEP+ concernant l’offre pétrolière. À 04h02 GMT, le baril de Brent de la mer du Nord a perdu 6 cents, soit 0,1 %, pour s’établir à 69,22 dollars, tandis que le pétrole brut américain WTI a chuté de 13 cents, soit 0,2 %, atteignant 65,90 dollars.
Les politiques protectionnistes du président Donald Trump sont au cœur des préoccupations. Après avoir imposé des tarifs douaniers sur le Mexique et le Canada – principaux fournisseurs de pétrole des États-Unis – puis les avoir temporairement retardés, tout en augmentant les taxes sur les produits chinois, Trump a semé le doute sur les marchés mondiaux. Ces mesures ont ravivé les craintes d’un ralentissement de la croissance économique américaine et, par extension, d’une baisse de la demande mondiale de pétrole. Au cours du week-end, le président a évoqué une possible « période de transition » pour l’économie, tout en refusant de se prononcer sur le risque d’une récession, malgré la nervosité des investisseurs. « Les déclarations de Trump ont déclenché une vague de ventes, les marchés intégrant désormais le risque d’un affaiblissement de la demande », a analysé Daniel Haynes, stratège en chef des matières premières chez ANZ.
Le marché boursier, souvent corrélé aux prix du pétrole, a également subi une forte correction lundi 10 mars, les trois principaux indices américains enregistrant des pertes significatives. Par ailleurs, le secrétaire au Commerce Howard Lutnick a confirmé dimanche que l’administration Trump maintiendrait la pression sur le Mexique, le Canada et la Chine, accentuant les incertitudes.
Côté offre, l’OPEP+ tente de s’adapter à ce contexte tendu. Vendredi 8 mars, le vice-Premier ministre russe Alexander Novak a annoncé que le groupe, réunissant huit membres de l’OPEP et des producteurs non-OPEP, entamerait dès avril un ajustement progressif de ses coupes volontaires de production, qui s’élèvent actuellement à 2,2 millions de barils par jour. Cette augmentation graduelle vise à réduire l’excès d’offre, mais Novak a précisé que cette stratégie pourrait être revue si le marché ne retrouvait pas son équilibre.
Suru Sarkar, responsable du groupe énergie chez DBS Bank, reste prudent : « Bien que le Brent oscille autour de 70 dollars le baril, les prix pourraient se stabiliser à court terme grâce à une reprise technique. Cependant, si les cours restent durablement sous ce seuil, l’OPEP+ pourrait suspendre son plan d’augmentation de la production. » Il ajoute que le groupe suivra de près les décisions de Trump, notamment vis-à-vis de l’Iran et du Venezuela. Les États-Unis ont déjà révoqué la licence de Chevron au Venezuela, et un éventuel durcissement des sanctions contre l’Iran pourrait encore compliquer la donne.
Les inquiétudes sur la croissance mondiale, exacerbées par les guerres commerciales, continuent de dominer les prévisions. Un sondage préliminaire de Reuters, publié lundi, anticipe une hausse des stocks de brut aux États-Unis la semaine dernière, tandis que les réserves d’essence et de distillats devraient diminuer. Ces chiffres seront précisés dans les rapports à venir de l’American Petroleum et de l’Administration américaine d’information sur l’énergie