Washington, 14 octobre 2025 – Le président américain Donald Trump a exprimé mardi sa vive irritation à l’égard de l’Espagne, allant jusqu’à menacer le pays de sanctions commerciales sévères, incluant l’instauration de droits de douane élevés, en réponse à son refus persistant d’atteindre l’objectif de 5 % du produit intérieur brut (PIB) consacré à la défense. Ces déclarations, faites lors d’une conférence de presse à la Maison-Blanche, illustrent la montée des tensions au sein de l’OTAN, où Washington considère Madrid comme un « retardataire » récalcitrant.
« Je suis très mécontent de l’Espagne. C’est le seul pays à ne pas avoir porté son objectif à 5 %… donc je ne suis pas satisfait », a déclaré Trump, d’un ton incisif. « J’envisageais de leur infliger des sanctions commerciales, et je pense que je pourrais le faire. Ce qu’ils ont fait avec le budget de la défense, ce n’est pas correct. C’est très irrespectueux envers l’OTAN. » Ces propos ont immédiatement relancé les débats sur la répartition des charges au sein de la principale alliance militaire mondiale.
Cette pression n’est pas nouvelle. Depuis son premier mandat, Trump a fait de la réforme des contributions des alliés à l’OTAN un pilier de sa politique étrangère, exhortant régulièrement les pays européens à accroître leurs investissements dans la défense collective. Lors d’une rencontre avec le président finlandais Alexander Stubb, il avait même suggéré d’exclure l’Espagne de l’Alliance, une déclaration perçue comme une escalade diplomatique majeure.
Le contexte de cette tension remonte à l’invasion russe de l’Ukraine en février 2022, qui a profondément modifié les priorités sécuritaires de l’OTAN. L’agression russe a révélé les limites du seuil historique de 2 % du PIB alloué aux dépenses militaires, jugé désormais insuffisant face à une Russie revigorée et à la montée en puissance militaire de la Chine. Au sommet de La Haye en juin 2025, les 32 membres de l’OTAN ont convenu d’un nouvel objectif ambitieux : atteindre au moins 5 % du PIB pour la défense d’ici 2035.
L’Espagne, membre de l’OTAN depuis 1982, a obtenu une exemption temporaire lors de ce sommet. Le Premier ministre Pedro Sánchez, confronté à une coalition fragile et à des contraintes budgétaires, a maintenu un engagement limité à 2,1 % du PIB, estimant que cet effort était réaliste et compatible avec les priorités sociales du pays. Dans une lettre au secrétaire général de l’OTAN, Mark Rutte, il a invoqué des « flexibilités » nécessaires pour concilier sécurité et contraintes économiques.
Pour compenser cette limitation budgétaire, Madrid met en avant ses contributions opérationnelles. L’Espagne déploie actuellement plus de 1 000 soldats en Lettonie, ainsi que des contingents en Slovaquie, Roumanie, Bulgarie et Turquie, participant activement à la surveillance aérienne et à la dissuasion dans plusieurs zones stratégiques. « Chaque pays doit augmenter ses capacités militaires, et l’Espagne le fait déjà de manière exemplaire », a insisté le ministre de la Présidence Félix Bolaños.
Malgré ces efforts, Washington reste insatisfait. Dès juin 2025, Trump avait menacé de réviser les accords commerciaux bilatéraux et d’« augmenter le prix » pour l’Espagne, ciblant notamment les exportations clés : huile d’olive, vin, jambon ibérique et pièces automobiles, dont les ventes aux États-Unis représentent des milliards d’euros. Les producteurs andalous redoutent déjà une escalade douanière, susceptible de menacer des milliers d’emplois dans une région fragile économiquement.
La situation illustre un dilemme majeur pour l’OTAN : concilier les impératifs budgétaires et politiques des membres européens avec la pression croissante des États-Unis, tout en maintenant la cohésion de l’alliance face aux défis géopolitiques contemporains.