Bruxelles, 14 octobre 2025 – La Belgique s’est figée ce mardi sous l’élan d’une grève nationale d’ampleur, orchestrée par les grands syndicats pour dénoncer les réformes brutales et les coupes budgétaires du gouvernement de Bart De Wever. Des dizaines de milliers de manifestants ont envahi les rues de Bruxelles, tandis que les transports, les aéroports et le port d’Anvers, poumon économique de l’Europe, ont été paralysés. Cette mobilisation, d’une rare intensité, révèle une fracture profonde entre un gouvernement déconnecté et une population à bout.
L’aéroport de Charleroi a fermé ses portes, Bruxelles-Zaventem a annulé tous ses vols réguliers, et le port d’Anvers a suspendu ses opérations, laissant plus de 100 navires bloqués en mer du Nord. Les bus, trams et métros de la capitale étaient quasi inexistants, plongeant Bruxelles dans un silence inhabituel, seulement troublé par les slogans des manifestants. Selon la police, environ 80 000 personnes ont défilé, majoritairement dans le calme, bien que des heurts isolés avec les forces de l’ordre aient été signalés.
Au cœur de la colère : le relèvement de l’âge de la retraite à 67 ans, la suppression des régimes spéciaux pour les cheminots et militaires, la limitation des allocations chômage à deux ans, et une hausse de la TVA. Ces mesures, présentées comme nécessaires pour réduire un déficit public de 4,5 % du PIB et une dette dépassant 100 %, sont perçues comme un sacrifice imposé aux travailleurs, tandis que les grandes fortunes restent épargnées.
« On nous demande de trimer plus longtemps, de vivre avec moins, pendant que les riches s’en sortent toujours », s’indigne Anaïs, une manifestante de 27 ans, pancarte à la main. Thierry Bodson, de l’ABVV, renchérit : « Ce gouvernement vend l’avenir des Belges pour plaire à Bruxelles – pas la capitale, mais l’Union européenne. »
La crise prend une dimension supplémentaire dans le cadre du système fédéral belge. En Wallonie, les enseignants du secondaire, forcés de travailler deux heures de plus par semaine, ont massivement rejoint les cortèges. Cette mesure, imposée par les gouvernements régionaux sous pression budgétaire, illustre les tensions entre Flandre et Wallonie, exacerbées par les politiques de la N-VA, souvent accusée de privilégier les intérêts flamands.
Vanessa, mère de famille venue de Charleroi, résume l’angoisse collective : « Mes enfants grandissent dans un pays où l’avenir s’assombrit. Qui paie pour ces réformes ? Pas les millionnaires, mais nous, les familles ordinaires. »
Face à cette mobilisation historique, le gouvernement De Wever semble jouer la montre, misant sur la lassitude des manifestants. Mais la détermination des syndicats et la colère populaire suggèrent un bras de fer durable. Avec les exigences de l’UE pour un déficit sous 3 % et une dette sous 60 %, De Wever est coincé entre les injonctions européennes et une population qui refuse de payer le prix de décennies de mauvaise gestion.
Cette grève est un avertissement. Si le gouvernement persiste dans sa logique d’austérité aveugle, la Belgique risque de s’enfoncer dans une crise sociale sans précédent. La balle est dans le camp de De Wever – mais pour l’instant, il semble sourd aux appels de son peuple.