Le dernier épisode diplomatique entre l’Algérie et la France, marqué par l’expulsion de 12 agents français en poste à Alger, n’est ni une victoire, ni un sursaut souverain. C’est l’aveu d’un désarroi. L’Algérie officielle, incapable de construire des relations équilibrées et respectueuses avec ses partenaires, se réfugie une fois de plus dans le registre du conflit — non pour défendre l’intérêt national, mais pour camoufler ses propres échecs.
Depuis l’affaire de l’arrestation de l’agent consulaire algérien sur le sol français, le discours du pouvoir s’est enfermé dans une posture victimaire et conspirationniste. On parle de “machination”, de “crise fabriquée”, on accuse un ministre français d’avoir tout orchestré. Mais pendant ce temps, aucun mécanisme diplomatique sérieux n’a été activé. Pas de médiation, pas d’initiative parlementaire, pas d’appel clair à la mobilisation internationale. Juste une expulsion symbolique, sans lendemain, dont l’effet pratique sera nul. Pire : elle risque de détériorer encore un peu plus une relation franco-algérienne déjà fragile, dans un contexte régional explosif.
Cette gestion amateur d’un dossier sensible est révélatrice de ce qu’est devenue la diplomatie algérienne sous ce régime : une coquille vide, gérée par des apparatchiks coupés du réel, plus préoccupés par l’image qu’ils renvoient à la présidence que par l’efficacité de leurs actions. À l’heure où le monde évolue, où les alliances se redessinent, où les équilibres régionaux deviennent plus instables que jamais, l’Algérie reste figée dans des réflexes de guerre froide. Elle réagit, elle ne pense pas. Elle sanctionne, elle ne dialogue pas.
Ce n’est pas un hasard si le pouvoir ressasse en boucle les mots « souveraineté », « réciprocité », « dignité ». Ce sont les mots d’un régime qui n’a plus rien à proposer, ni à l’intérieur, ni à l’extérieur. Face à une opinion publique méfiante, face à une jeunesse dépolitisée, face à une diaspora qui ne croit plus à l’État, il ne reste que les gestes vides. On agite le drapeau, on s’invente des ennemis, on parle fort. Mais sur le fond, l’Algérie officielle reste muette. Muette sur les vrais enjeux. Muette sur sa vision. Muette sur son avenir.
Ce que révèle cette crise, c’est moins une tension bilatérale qu’un vide stratégique. Et dans ce vide, ce n’est pas la France qui gagne. C’est le silence, le repli, l’oubli.
