Le 12 mai 2025, le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) a annoncé un changement radical en mettant fin à plus de quarante ans de lutte armée contre l’État turc. Le groupe armé kurde a déclaré la dissolution de sa structure organisationnelle et l’abandon de sa méthode de guérilla, une décision prise lors de son 12e congrès, organisé la semaine précédente. Cette annonce marque un tournant décisif, non seulement pour le PKK, mais aussi pour les relations entre la Turquie et sa population kurde.
Cette évolution fait suite à un appel significatif lancé par Abdullah Öcalan, le leader emblématique du PKK, emprisonné depuis 1999 sur l’île d’Imrali, en mer de Marmara. Depuis sa captivité, Öcalan reste une figure centrale du mouvement kurde, malgré son isolement. Le 27 février 2025, il a exhorté ses partisans à déposer les armes et à mettre un terme à l’insurrection qui a fait plus de 40 000 victimes depuis 1984, un conflit qui a profondément marqué le pays.
L’appel d’Öcalan s’inscrit dans le cadre d’une médiation qui a débuté à l’automne 2024. Celle-ci a été initiée par Devlet Bahçeli, dirigeant du parti ultranationaliste MHP, allié du président Recep Tayyip Erdogan, et soutenue par le parti prokurde DEM. En mars 2025, le PKK avait déjà annoncé un cessez-le-feu immédiat, signifiant une première étape vers un apaisement des tensions.
Le gouvernement turc a accueilli cette annonce comme une « opportunité historique ». Le président Erdogan a salué la dissolution du PKK comme une occasion de mettre fin à un conflit de longue date et de favoriser une réconciliation entre l’État turc et la population kurde, qui représente environ 20 % de la population nationale. Toutefois, cette décision soulève plusieurs interrogations sur ses conséquences concrètes. Si le PKK cesse ses opérations militaires, les revendications politiques et culturelles des Kurdes seront-elles enfin prises en compte de manière sérieuse par les autorités turques ?
En effet, la fin de la lutte armée ne garantit pas nécessairement une résolution des problèmes sous-jacents auxquels la communauté kurde fait face en Turquie, notamment en matière de droits linguistiques, de représentation politique et d’autonomie régionale. Certains estiment que la fin de la violence pourrait faciliter un dialogue plus ouvert entre les autorités turques et les représentants kurdes, tandis que d’autres, plus sceptiques, pensent que cette décision pourrait ne pas suffire à répondre aux aspirations profondes des Kurdes.
De plus, bien que la dissolution du PKK mette fin à l’aspect militaire du conflit, des tensions résiduelles pourraient persister au sein de la population kurde. Le PKK n’a jamais été un groupe monolithique, et certains secteurs de la société kurde pourraient continuer à revendiquer des droits politiques plus étendus. Des voix critiques pourraient se faire entendre, estimant que cette cessation des hostilités est une concession de trop, et qu’elle ne répond pas à leurs attentes en matière de reconnaissance et de justice.