Paris, 13 mai 2025 – Durant une émission exceptionnelle de plus de trois heures diffusée mardi soir sur TF1, Emmanuel Macron a pris la parole pour répondre aux préoccupations majeures des Français, dans un format mêlant interventions de journalistes, questions citoyennes et interpellations syndicales. Un exercice de communication politique à la fois offensif et défensif, au cours duquel le président a abordé les grands dossiers du moment : politique internationale, réforme sociale, économie, sécurité intérieure et libertés individuelles.
Le président français a d’abord tenu à réaffirmer la position française sur l’Ukraine, assurant que les Européens allaient accentuer la pression sur la Russie si elle ne respectait pas un cessez-le-feu. Il a évoqué de potentielles sanctions secondaires ciblant les intermédiaires économiques, notamment dans les secteurs des services financiers et de l’énergie.
Sur un ton plus stratégique, Macron a relancé un débat sensible sur le partage de la dissuasion nucléaire française. Il s’est dit prêt à ouvrir une discussion sur le déploiement d’avions français porteurs d’armes nucléaires dans d’autres pays européens, à l’image du modèle américain. Une proposition qui s’inscrit dans un contexte de remilitarisation progressive de l’Europe.
Concernant la situation à Gaza, Emmanuel Macron a été particulièrement virulent à l’encontre du gouvernement israélien. Il a qualifié ses actions de « honteuses » et « inacceptables », tout en évitant soigneusement le terme de génocide. Il a également suggéré que les accords de coopération entre l’UE et Israël pourraient être remis en cause, ouvrant la voie à une inflection diplomatique européenne sur ce dossier explosif.
Sur le plan intérieur, le dossier ArcelorMittal a cristallisé les tensions. Interpellé par la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, Emmanuel Macron a exclu toute nationalisation du géant sidérurgique, malgré les plus de 600 suppressions de postes annoncées. Il s’est néanmoins engagé à « sauver les sites de Dunkerque et Fos-sur-Mer », affichant une volonté de compromis entre impératif industriel et rigueur budgétaire.
Le président a aussi lancé un chantier de réflexion sur le financement du modèle social français. Il juge que ce dernier repose « trop sur le travail » et propose de réfléchir à un modèle plus équilibré, envisageant un financement partiel via la consommation. Une mesure qui pourrait redistribuer les charges, mais qui suscite déjà des inquiétudes chez les syndicats.
Sur la question du port du voile dans le sport, Emmanuel Macron a adopté une position stricte : il s’est déclaré opposé à tout signe religieux dans les compétitions officielles, au nom de la neutralité du sport. Toutefois, il laisse aux fédérations le soin de trancher pour la pratique hors compétition, signe d’une approche plus nuancée dans la sphère privée.
Le président a plaidé pour un renforcement des pouvoirs de la police municipale, notamment en matière de flagrants délits, saisines et amendes, tout en précisant que ces pouvoirs seraient encadrés par l’autorité judiciaire.
Face à la surpopulation carcérale, il a proposé des mesures controversées : location de places de prison à l’étranger, réduction des normes de construction, et participation des détenus aux coûts de détention. Des idées déjà explorées dans d’autres pays européens, mais qui posent des questions éthiques et juridiques.
Enfin, Emmanuel Macron a fermé la porte à tout référendum sur la réforme des retraites, rejetant la demande de la CGT. Rappelons que cette réforme, imposée par le biais du très décrié article 49.3, avait provoqué une mobilisation sociale massive en 2023. Pour Macron, revenir sur cette réforme par voie référendaire reviendrait à affaiblir l’autorité de l’exécutif.