À la veille d’une nouvelle réunion cruciale de l’OPEP+, les marchés pétroliers retiennent leur souffle. Le Brent s’échangeait ce samedi matin à 64,78 dollars le baril, en légère hausse de 0,53 %, tandis que le WTI grimpait de 0,48 % à 60,93 dollars. Si cette progression peut sembler rassurante, elle cache une grande incertitude quant à l’orientation à venir des prix du brut, dans un contexte où l’Algérie, comme d’autres pays producteurs, joue gros.
Depuis plusieurs semaines, les cours du pétrole oscillent au gré de signaux contradictoires. Tantôt portés par des tensions géopolitiques et des données sur la demande, tantôt freinés par des craintes de ralentissement économique mondial, les prix ne parviennent pas à se stabiliser.
La prochaine réunion de l’OPEP+, prévue la semaine prochaine, est donc scrutée avec appréhension par les marchés. Toute décision de réduction ou d’augmentation des quotas de production pourrait impacter significativement l’offre mondiale… et avec elle, les recettes d’un pays aussi dépendant que l’Algérie.
Pour Alger, chaque variation du prix du baril est synonyme de risque budgétaire. L’économie nationale reste fortement tributaire des exportations d’hydrocarbures, qui représentent plus de 90 % des recettes extérieures et environ 60 % du budget de l’État.
Or, le seuil d’équilibre budgétaire de l’Algérie reste largement supérieur aux niveaux actuels du marché. Selon les dernières estimations, l’Algérie aurait besoin d’un baril autour de 85 dollars pour équilibrer ses comptes publics – bien au-dessus des prix actuels, malgré la hausse timide observée.
Si l’Algérie milite régulièrement au sein de l’OPEP+ pour des politiques favorables à la hausse des prix, sa capacité d’influence demeure limitée face aux poids lourds comme l’Arabie saoudite et la Russie. La stratégie actuelle semble viser une prolongation des coupes de production, mais les divisions internes au cartel risquent d’aboutir à des compromis décevants.
Une décision qui maintiendrait les prix à un niveau bas fragiliserait encore davantage les finances publiques algériennes, déjà mises à rude épreuve par une inflation élevée et une politique de subventions coûteuse.
À défaut d’un rebond durable des cours, l’Algérie pourrait être contrainte de réduire ses dépenses publiques, de recourir à davantage d’endettement, ou de puiser encore dans ses réserves. Une équation complexe, alors même que le pays peine à diversifier son économie et que les réformes structurelles tardent à se concrétiser.
En attendant la décision de l’OPEP+, les regards sont tournés vers Vienne… mais à Alger, c’est tout un modèle économique qui vacille au rythme d’un marché mondial devenu plus incertain que jamais.