Malgré les récentes tensions entre Israël et l’Iran, marquées par des frappes militaires, les cours du pétrole restent contenus, loin des hausses spectaculaires redoutées par les marchés. Voici les raisons de cette stabilité relative et les scénarios qui pourraient changer la donne.
Les frappes israéliennes sur des cibles iraniennes n’ont, jusqu’à présent, ni perturbé le transit stratégique du pétrole via le détroit d’Ormuz, par où transite environ 20 % de la production mondiale, ni visé directement les infrastructures pétrolières iraniennes. L’Iran, affaibli par des sanctions économiques et des défis internes, semble éviter une escalade majeure qui pourrait menacer ses exportations, principalement vers la Chine. De son côté, le soutien des États-Unis à Israël rassure les investisseurs, qui estiment que le conflit restera localisé et n’aura qu’un impact limité sur l’offre pétrolière mondiale.
Les marchés ont réagi aux premières frappes israéliennes du 13 juin 2025, avec une envolée des prix de plus de 12 %, le Brent atteignant 78,5 $ et le WTI frôlant 75 $. Cependant, ces gains se sont rapidement estompés à la suite de rumeurs d’apaisement relayées par le Wall Street Journal le 16 juin 2025, évoquant des messages de désescalade envoyés par l’Iran via des pays arabes. En conséquence, le Brent a corrigé de 4,15 % pour s’établir à 71,15 $, tandis que le WTI a reculé de 4,01 % à 70,05 $. Cette volatilité maîtrisée reflète la prudence des marchés face à un conflit perçu comme temporaire.
Les tensions Iran-Israël, bien que significatives, s’inscrivent dans un cadre économique mondial plus large. L’invasion de l’Ukraine par la Russie en 2022 reste le choc pétrolier le plus structurant de la décennie, ayant durablement redéfini les dynamiques de l’offre et de la demande. Par contraste, les tensions actuelles sont largement anticipées par les marchés, réduisant leur impact.
De plus, l’augmentation de la production par les pays non-OPEP+ (États-Unis, Brésil, Canada) et la décision de l’OPEP+ de relever son offre depuis avril 2025 exercent une pression baissière sur les prix. Le Brent, qui avait chuté à un plancher de 60 $ avant les récentes tensions, oscille désormais entre 71 $ et 73 $, soutenu par une offre mondiale abondante et une demande mondiale modérée.
Bien que le marché reste stable pour l’instant, certains scénarios pourraient provoquer une envolée des cours. Une première hypothèse concerne une perturbation des exportations iraniennes. Avec une production avoisinant les 3,3 millions de barils par jour, principalement dirigée vers la Chine, toute interruption partielle ou totale de cette source majeure pourrait déséquilibrer l’offre mondiale. Un second scénario redouté serait la fermeture du détroit d’Ormuz, point névralgique par lequel transite près de 20 % du pétrole mondial. Même temporaire, un tel blocage ferait bondir les prix jusqu’à 130 dollars le baril selon les estimations de Rystad Energy. En parallèle, un échec des négociations nucléaires entre l’Iran et les États-Unis renforcerait les tensions régionales, augmentant la prime de risque géopolitique. Enfin, l’implication directe d’autres producteurs du Golfe, comme l’Arabie saoudite, dans un conflit élargi bouleverserait gravement l’équilibre de l’approvisionnement mondial. Chacun de ces éléments, pris isolément ou combinés, pourrait entraîner une envolée soudaine et durable des cours du pétrole.