La caravane Al Soumoud, un convoi pacifique en route vers Gaza, est actuellement immobilisée dans l’est de la Libye, dans une situation qui soulève de vives inquiétudes. Depuis le 13 juin, les forces loyales au maréchal Khalifa Haftar ont imposé un strict blocus au convoi, empêchant sa progression vers Syrte, coupant les communications, et refusant tout approvisionnement en nourriture, eau et médicaments.
Au cœur de cette crise, trois ressortissants tunisiens – Youssef Ben Younes, Sami Ben Belkacem Rekissi et Alaa Ben Ammar – sont toujours détenus à Benghazi dans des conditions obscures. Selon les organisateurs, ces derniers sont privés d’accès à un avocat, sans qu’aucune accusation formelle ne leur ait été communiquée, et sans perspectives claires de libération.
Wael Naouar, porte-parole de la caravane, a alerté sur les réseaux sociaux sur la détention de Youssef Ben Younes, l’un des coordinateurs du convoi, responsable notamment de la collecte des passeports et de l’organisation des départs. Ces arrestations s’inscrivent dans un climat d’hostilité grandissante, marqué par des contrôles renforcés et des fouilles systématiques imposés par les autorités de l’Est libyen.
À ce jour, treize personnes sont détenues, parmi lesquelles trois Algériens, six Libyens, un Soudanais et les trois Tunisiens. Les organisateurs ont engagé des contacts avec le ministère tunisien des Affaires étrangères pour accélérer la libération des détenus, tandis que l’avocat Sami Ben Gharbia appelle à la constitution d’une délégation officielle pour se rendre en Libye afin d’intervenir directement.
Cette situation dramatique s’inscrit dans un contexte géopolitique complexe. La position ambiguë de Khalifa Haftar, allié potentiel de pays ayant normalisé leurs relations avec Israël, se manifeste par une hostilité croissante envers les initiatives pro-palestiniennes non contrôlées, comme celle de la caravane Al Soumoud. Par ailleurs, l’Égypte a refusé de délivrer les autorisations nécessaires au passage du convoi, bloquant ainsi toute alternative terrestre ou maritime.
Face à ce blocage, les participants ont décidé de ne pas quitter le territoire libyen tant que tous leurs camarades ne seront pas libérés, affirmant leur attachement à la nature pacifique de leur démarche. Une mobilisation populaire grandit en Tunisie, dénonçant le silence des autorités et appelant à une intervention diplomatique urgente. Un rassemblement s’est tenu à Tunis le 15 juin, où des manifestants ont réclamé la libération immédiate des détenus et dénoncé l’absence de soutien officiel.
La caravane Al Soumoud, initialement un simple geste de solidarité civile avec Gaza, est devenue un révélateur des tensions et impasses politiques entre la Tunisie, la Libye et l’Égypte. Elle met en lumière les fragilités régionales et les enjeux géopolitiques qui rendent difficile toute action indépendante de soutien à la cause palestinienne.
Les participants restent déterminés : certains ont choisi de rentrer en Tunisie à partir du 17 juin, mais beaucoup affirment qu’ils resteront mobilisés sur place jusqu’à la libération totale de leurs camarades. Leur engagement pacifique témoigne d’une volonté ferme de poursuivre la solidarité malgré les obstacles.