Bello Bouba Maïgari, ministre d’État chargé du Tourisme et des Loisirs, a officialisé sa candidature à l’élection présidentielle prévue en octobre prochain au Cameroun. Ce nouveau positionnement intervient quelques jours seulement après l’annonce similaire d’Issa Tchiroma Bakary, ministre de l’Emploi et de la Formation professionnelle, qui a lui aussi quitté le gouvernement pour briguer la magistrature suprême.
Âgé de 78 ans, Bello Bouba Maïgari préside l’Union nationale pour la démocratie et le progrès (UNDP). Après près de trois décennies d’alliance avec le pouvoir en place, son parti a récemment rompu avec le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), la formation du président Paul Biya, tout en restant attaché à une posture de dialogue. Lors d’une réunion extraordinaire tenue à Yaoundé, Bello Bouba a annoncé sa décision de briguer la présidence, répondant ainsi à une pression grandissante de ses militants et sympathisants qui dénoncent la « mal-gouvernance », la corruption et les injustices persistantes qui minent l’unité nationale.
L’ancien Premier ministre (1982-1983) cumule plusieurs postes ministériels depuis les années 1980, ce qui fait de lui une figure politique expérimentée et respectée. Sa candidature pourrait redistribuer les cartes, notamment dans la région nord, qui représente environ 40 % de l’électorat national.
De son côté, Issa Tchiroma Bakary, 75 ans, a surpris la scène politique en annonçant sa démission du gouvernement quelques jours plus tôt. Leader du Front pour le salut national du Cameroun (FSNC), un parti historiquement allié au RDPC, il s’est engagé à « en finir avec le vieux système » et appelle à un changement profond. Son discours met en lumière la nécessité de rompre avec un modèle politique figé, alors que le pays fait face à de multiples crises : insécurité dans les régions anglophones et au Nord-Extrême, tensions sociales, crise économique et climat politique tendu.
L’incertitude plane toujours sur la candidature du président Paul Biya, 92 ans, au pouvoir depuis 1982, qui n’a pas encore officiellement annoncé ses intentions pour ce scrutin crucial.
Avec ces candidatures issues de l’entourage même du pouvoir, la présidentielle de 2025 s’annonce sous le signe d’une recomposition majeure du paysage politique camerounais. La fragmentation potentielle de l’électorat, notamment au Nord, pourrait affaiblir le socle traditionnel du RDPC, obligeant autant le pouvoir que l’opposition à revoir leurs stratégies.
Parmi les autres prétendants confirmés figurent des figures de l’opposition déjà bien connues : Maurice Kamto (MRC), Cabral Libii (PCRN), Joshua Osih (SDF), Serge Espoir Matomba (PURS) ou encore Akere Muna, soutenu désormais par le parti UNIVERS.
Le dépôt officiel des candidatures est toujours attendu, et ce scrutin sera suivi de près tant au Cameroun qu’à l’international.