Dans l’ombre feutrée des palais d’Alger, Abdelmadjid Tebboune orchestre une prise de contrôle implacable du secteur pétrolier, véritable cœur économique de l’Algérie. En imposant ses barons – des hommes triés sur le volet pour leur loyauté absolue – il scelle la mainmise sur Sonatrach et le ministère de l’Énergie, étouffant toute velléité de transparence ou de réforme.
Ce remaniement stratégique n’est pas une simple réorganisation, mais une opération de verrouillage du levier énergétique national, menée à quelques mois d’une présidentielle 2026 qui s’annonce cruciale. Alors que le baril évolue autour de 70 dollars, et que les géants internationaux – TotalEnergies, Chevron, ExxonMobil, QatarEnergy, ENI – convoitent avidement les ressources algériennes, Tebboune se positionne pour maximiser cette aubaine.
Derrière les discours policés sur la diversification énergétique et l’attractivité économique, se cache une réalité plus dure : les nouveaux seigneurs du pétrole devront servir un régime centralisé et autoritaire, jongler entre les exigences des investisseurs étrangers et la gestion d’un mastodonte miné par des scandales de corruption et une opacité chronique. Le ministre de l’Énergie, Mohamed Arkab, se trouve sur la sellette, menacé d’éviction ou relégué à un rôle purement symbolique, tandis que la course au fauteuil de Sonatrach fait rage. Le profil recherché est limpide : un technocrate docile, loyal, prêt à courber l’échine.
Au-delà des enjeux économiques, ce jeu de chaises musicales traduit une lutte féroce pour le contrôle politique, où chaque nomination est une arme et chaque contrat un pacte d’allégeance. Dans un pays dont plus de 90 % des revenus dépendent des hydrocarbures, maîtriser Sonatrach revient à tenir les clés de la stabilité politique et de la redistribution clientéliste.
Ce verrouillage stratégique enterre une fois de plus les promesses de réforme, de transparence et de transition énergétique. Les annonces de modernisation, d’ouverture au secteur privé ou de développement des énergies renouvelables ne sont que des écrans de fumée, destinés à rassurer partenaires et bailleurs tout en détournant l’attention d’une population désabusée.
L’Algérie demeure engluée dans une logique rentière archaïque, où l’État utilise les richesses du sous-sol pour acheter la paix sociale et préserver les privilèges d’une élite politico-économique fermée. Pendant que le pouvoir resserre son emprise, le peuple continue d’observer, frustré, cette mascarade technocratique, espérant encore qu’un jour, la richesse pétrolière serve à bâtir un avenir juste, durable et prospère pour tous.