L’enquête sur l’attentat qui a visé le sénateur colombien Miguel Uribe, le 7 juin dernier, vient de connaître un tournant majeur. Samedi 5 juillet, la police nationale a annoncé l’arrestation de José Arteaga Hernández, alias « El Costeño », désigné comme le cerveau opérationnel de cette attaque qui a plongé le pays dans la stupeur.
Selon les autorités, El Costeño, un chef de gang bien connu dans les quartiers sud de Bogotá, est accusé d’avoir fourni l’arme et recruté le tireur, un adolescent de 15 ans, pour exécuter le plan. Le jeune assaillant, interpellé sur les lieux, avait tiré à bout portant sur Miguel Uribe, lui infligeant deux blessures à la tête et une à la jambe. Depuis, l’élu du Centre Démocratique, considéré comme un espoir conservateur pour la présidentielle de 2026, est toujours dans le coma et dans un état critique, selon ses médecins.
« L’homme arrêté a planifié l’avant, le pendant et l’après de l’attaque. Il a agi contre rémunération : un milliard de pesos [environ 250 000 dollars] », a précisé le ministre colombien de la Défense.
L’opération de capture a mobilisé près de 190 policiers, épaulés par Interpol. Arrêté à Engativá, au nord-ouest de Bogotá, José Arteaga faisait l’objet d’une notice rouge. Il aurait appartenu à une organisation criminelle active dans plusieurs trafics – dont celui d’armes – et aurait joué un rôle central dans l’exécution de ce que certains qualifient désormais d’attentat politique prémédité.
Mais les autorités restent prudentes. El Costeño n’aurait été, selon les enquêteurs, qu’un maillon dans une chaîne plus complexe. « Il a exécuté un contrat, pas émis l’ordre », confie une source proche du dossier. L’interrogation centrale demeure : qui a voulu éliminer Miguel Uribe ? Quel pouvoir dérangeait ce sénateur, ancien secrétaire à la Sécurité de Bogotá, connu pour sa lutte contre la criminalité et la corruption ?
Cette attaque, menée à un an de la présidentielle, ravive les craintes autour de la sécurité des figures politiques et du climat de violence politique qui continue de miner la Colombie.
Miguel Uribe Turbay, 39 ans, incarne la jeune garde conservatrice en Colombie. Petit-fils de l’ancien président Julio César Turbay Ayala, il s’est fait un nom comme homme de rupture au sein du Centre Démocratique, souvent critique envers les extrêmes de son propre camp. Son état critique, toujours stationnaire, maintient le pays en haleine.
Les autorités judiciaires ont ouvert une enquête plus large sur les potentiels instigateurs de l’attentat. Des pistes évoquent des ramifications politiques, voire des complicités institutionnelles. Le président colombien Gustavo Petro a exprimé son indignation tout en appelant à laisser la justice faire son travail. L’opposition, elle, parle de menaces graves contre la démocratie.
Alors que la Colombie s’apprête à entrer en campagne présidentielle, cette affaire tragique révèle à quel point la violence continue de peser sur le débat démocratique. Et laisse planer une ombre inquiétante sur ceux qui osent incarner l’alternative.