Bucarest, 28 juillet 2025 — Dragoș Anastasiu, vice-Premier ministre chargé de la réforme fiscale, a démissionné ce dimanche, éclaboussé par une affaire de corruption impliquant directement ses entreprises et un inspecteur de l’administration fiscale. Nommé il y a à peine un mois au sein du gouvernement d’Ilie Bolojan, il quitte ses fonctions dans un contexte tendu et marqué par une enquête judiciaire approfondie.
Selon les investigations menées par la Direction nationale anticorruption (DNA), les sociétés contrôlées par Anastasiu auraient versé, entre 2009 et 2017, plus de 150 000 euros sous forme de pots-de-vin déguisés en prestations de conseil et voyages fictifs, destinés à corrompre un inspecteur de l’Agence nationale pour l’administration fiscale (ANAF). Cette corruption visait à éviter des sanctions relatives à des irrégularités fiscales, notamment des manquements au paiement des cotisations sociales.
L’inspecteur concerné a été condamné à cinq ans de prison en 2023 pour son rôle dans ce système frauduleux. De son côté, Dragoș Anastasiu a reconnu devant les enquêteurs avoir participé à ces versements, justifiant ces actes comme un moyen de « survivre » dans un environnement administratif perçu comme hostile et corrompu.
Face à ces accusations, Dragoș Anastasiu a reconnu les faits, expliquant devant la justice que ces versements n’avaient pas été destinés à un enrichissement personnel, mais constituaient selon lui un moyen « de survivre dans un environnement administratif particulièrement hostile et complexe ». Lors d’une conférence de presse, il a déclaré : « Ce n’était pas un pot-de-vin pour m’enrichir, mais un mécanisme de survie dans un système longtemps inacceptable. »
Malgré ses excuses publiques et son plaidoyer pour une réforme sincère, Anastasiu a estimé qu’il lui était devenu impossible de poursuivre sa mission dans un contexte politique et médiatique tendu, miné par ce scandale et les critiques acerbes qui en ont découlé. « Les attaques sont souvent fondées sur des faits exagérés, ce qui rend l’exercice de mes fonctions intenable », a-t-il justifié avant de présenter sa démission.
Bien que ni lui ni ses proches n’aient encore été formellement inculpés, cette affaire fragilise la crédibilité du gouvernement Bolojan, qui peine déjà à convaincre sur sa capacité à lutter efficacement contre la corruption et à conduire des réformes profondes.
Cette démission survient à un moment critique pour la Roumanie, alors que le gouvernement s’efforce de moderniser un secteur fiscal longtemps entaché par l’opacité et les pratiques frauduleuses. La sortie d’Anastasiu prive l’exécutif d’un acteur clé dans ce chantier, laissant planer un doute sur la capacité des autorités à imposer une gouvernance transparente et efficace.