Le 9 août 2025, le gouvernement syrien a annoncé son retrait des négociations prévues à Paris, destinées à discuter de l’intégration de l’administration semi-autonome kurde au sein de l’État syrien. Damas justifie ce refus en dénonçant une tentative d’internationaliser les affaires syriennes et exige que toute négociation sérieuse se tienne exclusivement dans la capitale syrienne.
Cette décision s’inscrit dans un contexte géopolitique complexe, marqué par une forte pression turque. Ankara considère les Forces démocratiques syriennes (FDS), principales forces kurdes de la région, comme la branche syrienne du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qualifié de groupe terroriste par la Turquie. Le ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan, s’est rendu à Damas pour convaincre les autorités syriennes d’annuler la rencontre prévue à Paris. Selon plusieurs sources, cette intervention turque a été déterminante dans la décision syrienne.
De plus, la Turquie a proposé de déplacer les pourparlers à Amman, en Jordanie, estimant que la France, en raison de ses liens étroits avec les Kurdes, ne serait pas un médiateur impartial. Cette rivalité Ankara-Paris complique les efforts internationaux, notamment ceux des États-Unis, de la France et de la Syrie, visant à une solution politique inclusive en Syrie
En arrière-plan, un accord avait été signé en mars 2025 entre le président syrien par intérim Ahmed al-Charaa et le chef des FDS Mazloum Abdi. Ce dernier prévoyait l’intégration progressive des institutions civiles et militaires kurdes dans l’appareil d’État syrien, incluant notamment la gestion des postes-frontières, des aéroports et des ressources pétrolières et gazières.
Cependant, l’administration kurde a émis des réserves quant à la mise en œuvre concrète de cet accord, en particulier sur le contrôle des forces armées et la préservation d’une certaine autonomie locale. À ces divergences s’ajoutent des tensions internes, comme les récents affrontements entre Druzes et Bédouins sunnites dans le sud de la Syrie, qui compliquent davantage le processus de réconciliation nationale.
Alors que la France, les États-Unis et la Syrie avaient planifié un nouveau cycle de pourparlers à Paris, l’absence de Damas à ces négociations compromet sérieusement les chances d’avancer vers une solution politique durable, intégrant pleinement les Kurdes au sein de l’État syrien.