Le chef du Hezbollah, Naïm Qassem, a rejeté avec fermeté vendredi la décision du gouvernement de confisquer l’arsenal de son mouvement, affirmant être prêt à « livrer bataille » pour le conserver, quitte à plonger le pays dans une nouvelle guerre civile.
Cette déclaration intervient après une rencontre à Beyrouth avec Ali Larijani, chef du Conseil suprême de la sécurité nationale iranien, signe clair que Téhéran suit de près cette confrontation interne libanaise. Dans un discours retransmis par la chaîne Al-Manar, organe médiatique du Hezbollah, Qassem a accusé le gouvernement de « servir l’agenda américano-israélien » et de « livrer le Liban » à ses ennemis.
Pour Naïm Qassem, la ligne rouge est claire :« La résistance ne rendra pas les armes tant que l’agression et l’occupation israéliennes se poursuivront. Nous livrerons bataille si nécessaire, quel qu’en soit le prix. »
En agitant le spectre d’un conflit interne, Qassem place le gouvernement dans une position délicate : céder reviendrait à confirmer l’incapacité de l’État à imposer son autorité ; avancer vers le désarmement risquerait de rallumer la guerre civile qui a ensanglanté le Liban entre 1975 et 1990.
Cette confrontation s’inscrit dans un jeu régional plus large. Pour Israël et Washington, le désarmement du Hezbollah est une condition essentielle à la stabilité de la frontière nord d’Israël. Pour l’Iran, au contraire, l’arsenal du Hezbollah est un levier stratégique majeur face à Tel-Aviv et à ses alliés occidentaux.
Ainsi, la bataille qui se profile à Beyrouth dépasse largement la question du contrôle des armes : elle met en jeu l’équilibre des forces au Moyen-Orient, la souveraineté libanaise et l’avenir d’un pays déjà fragilisé par l’effondrement économique, la corruption endémique et les divisions confessionnelles.
À l’heure où les grandes puissances s’activent en coulisses, la question n’est plus de savoir si le Liban peut éviter une nouvelle crise, mais combien de temps il pourra encore repousser l’inévitable.