Le 22 août 2025, une crise politique majeure a ébranlé les Pays-Bas avec la démission du ministre des Affaires étrangères, Caspar Veldkamp, suivie par celle de tous les représentants de son parti, le Nouveau Contrat Social (NSC). Ce séisme gouvernemental, qui fragilise un cabinet intérimaire déjà affaibli, trouve son origine dans l’incapacité de la coalition à s’accorder sur de nouvelles sanctions contre Israël
Caspar Veldkamp, ancien ambassadeur à Tel Aviv, s’était distingué par sa volonté d’adopter une ligne plus ferme envers Israël. Dès juillet 2025, il avait déclaré « persona non grata » deux ministres israéliens d’extrême droite, Itamar Ben-Gvir et Bezalel Smotrich, accusés d’encourager la violence des colons et de soutenir l’expansion illégale des colonies en Cisjordanie. Le 21 août, il a réitéré son appel à des sanctions renforcées, notamment la suspension partielle de l’Accord d’association entre l’Union européenne et Israël, en réponse à la famine déclarée à Gaza par l’ONU
Cependant, lors d’un conseil des ministres marathon, Veldkamp s’est heurté à l’opposition du Parti populaire pour la liberté et la démocratie (VVD) et du Mouvement populiste des agriculteurs-citoyens (BBB), réticents à durcir la position néerlandaise. Ces derniers ont bloqué des propositions concrètes, comme l’interdiction des importations de produits issus des colonies illégales. Frustré par « des discussions sérieuses mais insuffisantes » et jugeant ses marges de manœuvre « trop limitées », Veldkamp a annoncé sa démission, déclarant : « Je ne peux pas exercer mes fonctions efficacement pour faire pression sur Israël face à la gravité de la situation. »
La décision de Veldkamp a entraîné une réaction en chaîne. En signe de solidarité, tous les membres du NSC au gouvernement, y compris le vice-Premier ministre Eddy van Hijum (Affaires sociales) et les ministres de l’Intérieur, de l’Éducation et de la Santé publique, ont également quitté leurs fonctions. Au total, cinq ministres et quatre secrétaires d’État ont abandonné le cabinet, laissant le Premier ministre Dick Schoof avec une coalition réduite aux seuls VVD et BBB. Cette hémorragie s’inscrit dans un contexte déjà instable, le gouvernement fonctionnant en mode intérimaire depuis la chute de la coalition le 3 juin 2025, provoquée par le retrait du Parti pour la liberté (PVV) de Geert Wilders sur des différends liés à l’immigration.
Le NSC, qui se présentait comme un garant de la gouvernance responsable, a justifié ce retrait collectif par l’inaction du gouvernement face à la crise humanitaire à Gaza. Depuis l’été 2025, des manifestations massives à La Haye, rassemblant entre 100 000 et 150 000 personnes – les plus importantes depuis 20 ans – ont dénoncé l’inaction du gouvernement face aux opérations militaires israéliennes à Gaza. Le Premier ministre Dick Schoof, s’exprimant devant le Parlement, a regretté ces démissions, soulignant la « responsabilité particulière » de son gouvernement intérimaire. Tout en reconnaissant que « la situation à Gaza est dramatique et s’aggrave », il s’est abstenu de proposer de nouvelles mesures, se limitant à une gestion des affaires courantes jusqu’aux élections du 29 octobre 2025.
Avec un gouvernement intérimaire réduit à deux partis, la coalition de Dick Schoof est plus vulnérable que jamais. Les élections d’octobre 2025, suivies d’un processus de formation de gouvernement potentiellement long, laissent présager une période d’instabilité prolongée. Le NSC, qui détenait 20 sièges avant la crise, voit sa popularité s’effondrer dans les sondages, tombant à zéro, ce qui pourrait bouleverser le paysage politique néerlandais.