La politique dictatoriale et répressive imposée par la clique des généraux a métamorphosé notre pays en un État calqué sur les modèles de Cuba et de la Corée du Nord. Des dizaines de milliers de cadres, de chercheurs, d’ingénieurs, de médecins et de compétences intellectuelles de haut niveau désertent annuellement le territoire national en quête d’un avenir plus prometteur à l’étranger, aspirant à un cadre de vie digne qui garantisse la sécurité, la sérénité et une alimentation saine et suffisante pour l’individu comme pour la famille. Cet exodus collectif représente une hémorragie aiguë et véritable qui épuise l’économie du pays et compromet irrémédiablement l’avenir des générations à venir.
Le phénomène de la fuite des cerveaux constitue une saignée fatale qui hypothèque notre développement dans une nation pourtant riche en gaz et en pétrole. Ceux qui s’exilent sont l’élite, la quintessence de la société : des dizaines de milliers émigrent chaque année en quête d’une carrière professionnelle valorisante et d’une existence respectable où la dignité est reconnue à l’individu, la liberté d’expression et de création accordée à la collectivité, que ce soit en Europe ou dans d’autres pays avancés. À titre d’illustration flagrante, Ammar Azoug, ingénieur établi en France depuis 1980, qui a exercé dans divers secteurs et occupe aujourd’hui la fonction de directeur de projets au sein d’une mairie de Marseille, a déclaré à notre site que les motifs de son départ d’Algérie ne diffèrent en rien de la situation actuelle : le besoin impérieux de s’affranchir de la servitude militaire et de trouver un environnement apaisé qui valorise l’existence du citoyen et lui procure des conditions de vie décentes a scellé sa décision il y a plus de quarante ans. Ammar Azoug n’a pas dissimulé que le rêve de rentrer au pays natal ne l’a jamais abandonné ; toutefois, son ancrage en France transcende désormais la seule qualité de vie ou l’exercice de sa profession : il repose sur l’avenir de la famille qu’il a fondée avec son épouse française et sur la crainte de raviver des souvenirs sombres dont il se dispense volontiers. Quant à ses amis et relations restés en Algérie, il a précisé que nombre d’entre eux sont prêts à rallier l’Europe à tout prix, fût-ce en rampant ou en affrontant les périls mortels de la Méditerranée, pour échapper à la bande malfaisante qui a anéanti tout ce qui embellissait l’Algérie et n’offre plus au peuple floué d’autre issue que la fuite pour ceux qui en ont les moyens, au risque de périr sur les rivages de France, d’Italie ou d’Espagne. L’essentiel demeure : quitter la patrie dans les plus brefs délais.
« Pourquoi tous aspirent-ils à quitter l’Algérie ? » Les médias nationaux reviennent périodiquement sur cette interrogation, notamment à l’occasion d’événements tels que l’attroupement chaotique de milliers d’étudiants universitaires devant le Centre culturel français pour passer un examen de langue française et obtenir un visa pour la France, en dépit des tensions exacerbées entre Alger et Paris. La riposte de l’élite politique du pays à cet épisode et à d’autres similaires consiste à rejeter toute responsabilité, à accuser la presse locale d’amplification outrancière et à arguer que ce phénomène n’est pas propre à l’Algérie mais affecte l’ensemble des nations en développement voisines. Ils trouvent invariablement un bouc émissaire, alors qu’ils incarnent la source originelle de tous les maux et de toutes les afflictions qui accablent le pays.


























