La bataille pour la réforme des retraites est avant tout une impulsion pour gagner l’opinion publique. Alors que les syndicats français ont de nouveau occupé la rue hier, avec des manifestations dans les principales villes, le gouvernement a tenté de garantir le maximum de services minimum dans la circulation des trains afin que l’exode d’avant Noël ne soit pas un chaos et montre qu’il a la situation sous contrôle
La SNCF, sous l’œil attentif de l’Exécutif, a fait un prodige logistique pour que ce vendredi, samedi et dimanche – les jours les plus intenses de mouvement de passagers avant les vacances de Noël – presque personne qui ait une réservation Il reste sans atteindre sa destination, bien que seulement 50% à 60% des trains habituels circuleront.
La directrice des voyages de la SNCF, Rachel Picard, a expliqué lors d’une conférence de presse comment le miracle s’est réalisé. De toute évidence, de nombreux clients potentiels ont depuis longtemps choisi de ne pas prendre de risques et ont cherché des moyens de transport alternatifs. Mais ceux qui ont acheté des billets sont assurés qu’ils voyageront, bien qu’en supposant quelques changements et inconvénients. Des convois de plus grande capacité seront mis en place – certains à deux étages – et les clients du TGV seront transférés à Ouigo – la filiale lowcost – où il y a plus de places car l’espace est plus étroit.
Les syndicats manifestent une autre force avec des manifestations dans tout le pays
Chaque passager avec un billet entre vendredi et dimanche sera contacté personnellement. Pour 53% d’entre eux, leur train est confirmé et circulera normalement. Pour un autre 15%, votre train a été annulé mais a été automatiquement remplacé par un autre.
Les 32% restants ont annulé leur voyage mais ont la possibilité de changer leur billet pour une autre alternative, différente dans le type et l’horaire des trains, parfois avec des correspondances. Pour ceux qui n’acceptent pas de refaire la réservation, leur argent sera intégralement remboursé.
La Confédération française démocratique du travail (CFDT) a participé à la manifestation hier à Paris pour la première fois, le syndicat avec le plus d’affiliés aujourd’hui et en maintenant une position modérée par rapport à la Confédération générale du travail (CGT). Le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, n’était qu’à une demi-heure de la marche, pour prendre la photo et faire quelques déclarations. Il a été retiré de là – officiellement – pour des raisons de sécurité, car il y avait beaucoup d’agglomération autour de lui. Tous les affiliés, en particulier le chemin de fer, ne sont pas tout à fait d’accord avec leur attitude jusqu’à présent conciliante. Le geste de partir tôt pourrait présager qu’il y aura une approche, aujourd’hui, lors de la réunion que les syndicats tiendront au Palais de Matignon avec le Premier ministre, Edouard Philippe.
Berger est un personnage clé de la crise actuelle. Il partage l’objectif d’une réforme qui s’achèvera avec les 42 régimes spéciaux de retraite actuels, mais n’accepte pas de porter l’âge de percevoir l’intégralité de la pension de 62 à 64 ans. Pour le gouvernement, il est essentiel de gagner la CFDT pour diviser le front syndical et de désactiver progressivement la grève. Berger a maintenu au cours des dernières heures des contacts avec les députés du mouvement de Macron, La République en mars (LREM), ce qui laisse entrevoir un éventuel compromis, même si ce ne sera pas facile.
Devant l’Assemblée nationale, où il a répondu aux questions de l’opposition, Philippe s’est dit « totalement déterminé » à mener une réforme pour instaurer un « régime universel » et garantir à l’avenir l’équilibre financier. Le Premier ministre n’a pas évoqué la question de l’âge, sûrement pour laisser une marge de manœuvre avant la rencontre d’aujourd’hui avec les syndicats.