Avec le début de la nouvelle année, le dernier rapport de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme révèle que le nombre d’Algériens vivant sous le seuil de pauvreté dépasse 26 millions, soit plus de 50 % de la population. Ce rapport, publié hier, est basé sur une étude récente menée par les bureaux provinciaux de la Ligue, couvrant 8 600 familles sélectionnées dans différentes régions du pays.
Le rapport, dont notre site dispose d’une copie et qui coïncide avec le début de chaque année comme un bilan de notre réalité amère, a pour slogan cette année : « Combattre le problème des citoyens qui se nourrissent des ordures ». Le rapport commence par souligner que les manifestations de la pauvreté dans la société algérienne se traduisent par la détérioration du niveau de vie, la mauvaise qualité des services de santé, le chômage, l’augmentation du nombre de personnes prêtes à émigrer à tout prix, la propagation de la mendicité, des enfants des rues, de la prostitution, du travail des enfants et des bidonvilles sous forme de cabanes en tôle. Plus grave encore, la faim pousse de nombreuses personnes à se nourrir des décharges. La Ligue des droits de l’homme, dans son rapport, appelle le gouvernement à agir de manière urgente et sérieuse, considérant que l’élimination de la faim et de la pauvreté nécessite une révision de la politique économique, en particulier en ce qui concerne la distribution équitable des richesses par un système de salaires équitable et la lutte contre l’économie de rente et la corruption qui touche tous les domaines politiques et économiques.
La Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme considère que la pauvreté en Algérie constitue une violation des droits économiques, sociaux et culturels garantis par les chartes internationales des droits de l’homme, notamment le droit au développement, le droit au travail, le droit à la santé, la sécurité sociale, l’éducation, le logement décent, une vie digne et un environnement sain. Le rapport souligne que, face à l’échec de la politique de rafistolage du gouvernement, la Ligue attire l’attention de l’opinion publique nationale sur la gravité de ce phénomène (les citoyens se nourrissant des ordures) et affirme que la pauvreté constitue une violation des droits de l’homme, car elle prive l’individu du revenu suffisant pour obtenir les niveaux minimaux de soins de santé, de nourriture, de vêtements, d’éducation et de toutes les nécessités pour assurer un niveau de vie décent et des opportunités de participation démocratique dans la prise de décisions dans les aspects de la vie civile.
Dans ce contexte, la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme sonne l’alarme, affirmant que tous les indicateurs statistiques révèlent l’appauvrissement généralisé en Algérie depuis que l’État a abandonné ses engagements et tenté de promouvoir des slogans creux comme « la force de frappe » en l’absence d’une vision claire de la politique sociale et de la fragilité croissante de certaines catégories de la population. Le rapport indique que les manifestations de la pauvreté ont connu un grand changement en Algérie, au point que la pauvreté ne touche plus seulement les catégories défavorisées, mais même les classes moyennes sont tombées dans la pauvreté et sont menacées par elle. Alors que la pauvreté caractérisait auparavant les habitants des zones rurales, elle est aujourd’hui largement répandue même dans les villes et les zones urbaines. Les conditions éducatives et sanitaires se sont détériorées, et des maladies autrefois éradiquées ont réapparu. Il y a un manque de nutrition, une augmentation du taux de chômage et une propagation de la prostitution, ce qui rend tous les citoyens algériens insatisfaits de leur situation, risquant de déclencher une guerre civile dévastatrice dans le pays.