Tous les rapports internationaux, ainsi que les intellectuels et les politiciens du monde entier et du pays, qualifient l’Algérie de « État militaire », en raison de la domination d’une élite de généraux sur le pays et de l’impact considérable de cette domination sur la société. L’action politique de ce groupe de généraux pendant cette période se caractérise par une prise de contrôle totale de l’appareil de l’État, l’élaboration d’un programme de changement national radical, et une modification claire de la structure de l’État. L’expansion militaire a augmenté pour s’étendre à l’ensemble du domaine politique algérien, et non plus simplement à l’appareil de l’État, assurant le contrôle de l’ensemble des décisions dans les domaines économique, social et idéologique, tout en renforçant la répression sécuritaire et politique sur l’ensemble de la société civile et en maîtrisant les autres courants idéologiques.
Il y a quelques mois, la marionnette des généraux, le président Abdelmadjid Tebboune, a surpris l’opinion publique par un décret présidentiel renforçant les pouvoirs de l’armée et étendant son emprise sur les institutions civiles vitales et stratégiques. Cette décision, prise quelques jours après l’annonce officielle de sa candidature à la présidentielle, a suscité de vives réactions. Il a remporté cette élection avec un chiffre astronomique dépassant les 95 %, où même les morts, les vivants et même les animaux auraient voté pour lui. Il a donc été unanimement convenu que ce décret visait à acheter la loyauté de l’armée, en ouvrant la voie à une prise de contrôle de celle-ci sur les institutions civiles stratégiques. Ce décret a également servi de récompense pour l’institution militaire, qui a soutenu la réélection de Tebboune pour un second mandat.
Le décret présidentiel a permis à des cadres de l’armée de superviser des secteurs clés sans préciser les conditions et modalités de la transition des militaires en poste vers des fonctions civiles. Cette semaine, des officiers supérieurs et généraux ont été nommés pour gérer directement la société Sonatrach, avec des affectations à ses différentes filiales à l’international (Mali, Tunisie, Niger, Mauritanie, Libye, Algérie). D’autres officiers ont été désignés pour gérer les ports aériens et maritimes, ainsi que les secteurs de l’électricité, de l’eau, et de la santé, en plus de la supervision des services administratifs sensibles, des systèmes d’urgence, des réseaux de communication, de la production alimentaire, des produits de consommation de base et des dossiers numériques.
Le général Saïd Chengriha, chef d’état-major, a ainsi consolidé l’emprise de l’armée sur la gestion du pays, devenant de facto le principal gestionnaire du pouvoir et l’oppresseur des citoyens. Cela pourrait engendrer une crise politique imminente, due à l’armement de toutes les institutions de l’État. L’armée a désormais une influence évidente dans de nombreux secteurs et dossiers, et son rôle ne se limite plus à des décisions secrètes, mais s’étend explicitement à toutes les sphères : économique, politique, sociale et même civile. L’Algérie est désormais, de manière indiscutable, un dernier bastion de régime militaire fasciste dans le monde.
