L’Algérie serait-elle vraiment en train de « progresser de manière tout à fait positive » sur le plan économique, comme le suggère Ousmane Dione, vice-président de la Banque mondiale pour la région Moyen-Orient et Afrique du Nord ? Ses déclarations qualifiant la situation économique de « bonne et saine » méritent d’être nuancées face à des réalités qui ne sont pas nécessairement aussi optimistes.
Il est vrai que l’Algérie affiche un taux de croissance de 3,9 % à 4 % par an, comme le souligne M. Dione. Cependant, cette croissance reste largement tributaire des hydrocarbures, secteur clé mais en déclin, exposé aux variations des prix mondiaux. Cette dépendance limite la résilience économique à long terme et freine la diversification nécessaire pour développer d’autres secteurs économiques vitaux.
L’inflation maîtrisée, vantée par M. Dione, pourrait être interprétée différemment. Si les prix sur le marché algérien semblent plus abordables, cela ne tient pas compte de la dévaluation réelle du pouvoir d’achat pour une grande partie de la population. Cette situation est exacerbée par le coût élevé des biens essentiels et une politique sociale qui, bien que louable, ne parvient pas à compenser pleinement les inégalités économiques persistantes. L’invitation à renforcer les efforts de communication et de marketing pour mieux faire connaître les réalisations algériennes est révélatrice d’une stratégie de « vernis » visant à masquer des problèmes structurels plus profonds. La nécessité d’améliorer la transparence et de répondre aux préoccupations économiques et sociales n’est pas simplement un geste d’image, mais un impératif pour éviter de tomber dans un piège de croissance artificielle qui pourrait s’effondrer sous la pression d’une réalité économique moins reluisante.
Quant à la place stratégique de l’Algérie en Afrique, la réalité est que le pays reste un acteur économique largement isolé, avec des échanges commerciaux limités avec le reste du continent. Cela limite ses possibilités d’exportation, son attrait pour les investissements étrangers directs (IDE) et la diffusion technologique. Pour tirer pleinement parti de sa position géographique, l’Algérie doit surmonter des obstacles institutionnels et améliorer sa gouvernance économique pour attirer davantage d’IDE et renforcer les chaînes de valeur régionales.
la situation économique actuelle de l’Algérie puisse être perçue comme relativement positive à court terme, mais elle reste fragile et conditionnée par un secteur des hydrocarbures en déclin, une politique sociale imparfaite, et des défis importants en matière de gouvernance et de diversification économique. La Banque mondiale et les autorités algériennes auraient tout intérêt à adopter une approche plus transparente pour aborder ces problèmes plutôt que de se fier uniquement à des chiffres qui, bien que positifs en apparence, cachent souvent des réalités plus complexes.