Les prix du pétrole ont enregistré une baisse significative vendredi, et sont sur le point de connaître leur première baisse mensuelle depuis novembre.L’incertitude persistante concernant la croissance économique mondiale et la demande en carburant, exacerbée par les menaces de tarifs douaniers imposés par Washington, ainsi que les signes d’un ralentissement de l’économie américaine, ont pesé davantage sur le marché que les préoccupations liées à l’offre.
Le baril de Brent de la mer du Nord a reculé de 38 cents, soit 0,51 %, s’établissant à 73,66 dollars. Le brut américain West Texas Intermediate (WTI) a également enregistré une baisse de 32 cents, soit 0,45 %, atteignant 70,30 dollars. Ces deux indices pétroliers s’orientent ainsi vers leur première baisse mensuelle en trois mois, reflétant les incertitudes du marché.
Cette baisse intervient alors que Trump a confirmé, via un message publié sur Truth Social, que les sanctions à l’encontre du Mexique et du Canada entreront en vigueur le 4 mars, invoquant la nécessité de lutter contre le trafic de drogue. Par ailleurs, il a annoncé que la Chine serait soumise à une nouvelle taxe douanière de 10 % à partir de la même date, tout en maintenant la mise en place d’un tarif réciproque prévue pour le 2 avril.
Les experts économiques estiment que ces mesures protectionnistes pourraient, à court terme, peser sur la croissance économique mondiale en réduisant les échanges commerciaux et en affaiblissant la demande en énergie. Les marchés financiers redoutent un risque accru de récession qui pourrait impacter directement les prix du pétrole.
En parallèle, l’incertitude sur la politique monétaire de la Réserve fédérale américaine (Fed) ajoute une pression supplémentaire sur les marchés. La présidente de la Fed de Cleveland, Beth Hammack, a déclaré jeudi qu’il existait toujours des risques haussiers sur l’inflation, mettant en doute un retour rapide à l’objectif de 2 %. De son côté, le président de la Fed de Kansas City, Jeff Schmid, a également souligné l’augmentation des incertitudes économiques et son impact potentiel sur la croissance.
Si l’inflation venait à repartir à la hausse, la Fed pourrait retarder une baisse des taux d’intérêt, rendant le financement de l’économie plus coûteux et réduisant ainsi la demande en pétrole.
D’autres facteurs géopolitiques viennent alourdir la pression sur le marché pétrolier. L’incertitude plane quant aux décisions de l’OPEP+ concernant la levée progressive de ses restrictions de production en avril. Selon des sources citées par Reuters, le cartel pétrolier surveille de près les conséquences économiques des sanctions américaines, ainsi que les négociations de paix entre la Russie et l’Ukraine.
De plus, la décision de l’administration Trump de réintroduire une politique de « pression maximale » sur les exportations de pétrole iranien et de révoquer l’exemption accordée à Chevron pour opérer au Venezuela soulève des interrogations sur l’évolution de l’offre mondiale de brut. Jusqu’à présent, Chevron expédiait environ 240 000 barils de brut vénézuélien quotidiennement vers les États-Unis. L’annulation de cette exemption pourrait entraîner une diminution de l’offre et, potentiellement, faire grimper les prix si la demande reste soutenue.
L’état de l’économie américaine est un autre facteur pesant sur les prix du pétrole. Selon les dernières estimations du Bureau of Economic Analysis, la croissance du PIB des États-Unis a ralenti au quatrième trimestre 2024, passant de 3,1 % au troisième trimestre à 2,3 %. Pour l’ensemble de l’année 2024, la croissance a été estimée à 2,8 %.
Face à ces perspectives économiques incertaines, les investisseurs restent prudents sur le marché pétrolier, ce qui se traduit par une baisse des prix. « Les facteurs baissiers, notamment les mesures tarifaires américaines, dominent actuellement le marché », indiquent les analystes de BMI dans une note citée par Reuters.