Les prix du pétrole ont terminé la journée de vendredi en baisse, plombés par les inquiétudes autour d’une possible récession mondiale déclenchée par les guerres tarifaires menées par les États-Unis. Malgré ce repli, le brut enregistre une troisième semaine consécutive de gains, porté par la pression accrue de Washington sur le Venezuela et l’Iran, deux membres clés de l’Opep.
Le baril de Brent a cédé 40 cents, soit 0,5 %, pour clôturer à 73,63 dollars, tandis que le West Texas Intermediate (WTI) américain a perdu 56 cents, soit 0,8 %, s’établissant à 69,36 dollars. Ces reculs interviennent alors que les marchés digèrent l’annonce imminente de nouveaux tarifs douaniers réciproques par le président Donald Trump, prévus pour entrer en vigueur le 2 avril et visant un large éventail d’importations.
« Les craintes d’une guerre commerciale, combinées à l’incertitude croissante autour des décisions politiques américaines, affectent lourdement le sentiment des investisseurs », ont souligné les analystes de JPMorgan dans une note à leurs clients. Si le spectre d’une récession plane, la demande de pétrole reste pour l’instant résiliente, selon les indicateurs à haute fréquence suivis par la banque.
En milieu de semaine, les données de l’Energy Information Administration (EIA) ont révélé une baisse surprise des stocks de brut américains, diminuant de 3,3 millions de barils à 433,6 millions, contre une attente de -956 000 barils selon un sondage Reuters. Un signal encourageant pour le marché, malgré les vents contraires.
Sur l’ensemble de la semaine, le Brent affiche une hausse de 1,9 % et le WTI de 1,6 %. Depuis leurs plus bas niveaux du début du mois, les deux indices ont rebondi respectivement de plus de 7 % et 6 %. Cette dynamique s’explique en grande partie par les mesures américaines visant à durcir le ton contre le Venezuela et l’Iran.
« Le fil rouge de cette semaine, c’est la pression accrue de l’administration Trump sur le régime de Maduro », explique Amarpreet Singh, analyste chez Barclays. Lundi, Washington a imposé des droits de douane de 25 % sur les acheteurs de pétrole vénézuélien, quelques jours après de nouvelles sanctions contre les importations chinoises de brut iranien. Ces décisions pourraient réduire la production vénézuélienne de 200 000 barils par jour cette année, accentuant les tensions sur l’offre mondiale.
Les sanctions ont semé le trouble chez les acheteurs. La Chine, principal client du Venezuela, voit ses échanges pétroliers stagner, tandis que Reliance Industries, géant indien du raffinage, a décidé de suspendre ses importations de brut vénézuélien. « Le deuxième trimestre pourrait être plus tendu que prévu », prévient Singh, pointant du doigt un resserrement potentiel de l’offre.
Entre craintes économiques et perturbations géopolitiques, le pétrole navigue en eaux troubles. Si les gains hebdomadaires témoignent d’une certaine résilience, l’ombre d’une récession continue de planer sur les perspectives à plus long terme.